UNE ÉTUDE de chercheurs français confirme que le système immunitaire continue son travail de défense de l'organisme avec une certaine efficacité, même au cours du cancer pulmonaire non à petites cellules réputé de mauvais pronostic. On sait que seuls les patients dont la tumeur pulmonaire est de petite taille et peut être complètement réséquée ont une bonne probabilité de survie à long terme. Cependant, 30 % des patients traités au stade I ont une récidive après la chirurgie, avec un risque élevé d'issue fatale à court terme (deux ans).
Le travail de Dieu-Nosjean, Fridman et coll. «devrait permettre d'identifier, parmi les patients opérés d'une tumeur de petite taille, ceux à haut risque de récidive et d'adapter leur protocole thérapeutique».
Décrits dans des maladies pulmonaires sévères.
La formation de novo de structures lymphoïdes, aussi appelées structures lymphoïdes tertiaires, est connue dans les situations d'inflammation. Les tissus lymphoïdes associés aux bronches ou BALTS (Bronchus Associated Lymphoid Tissues), présents chez le foetus et disparus à l'âge adulte, ont été décrits dans des maladies pulmonaires sévères : pneumonie, fibrose, pan-bronchiolites diffuses, tabagisme…).
Au terme de leur étude, les chercheurs répondent à plusieurs questions qui, jusque-là, restaient en suspens ou sujettes à controverses. D'abord, ils montrent pour la première fois la présence de structures lymphoïdes tertiaires incorporées dans des cancers du poumon. Ensuite, ils trouvent que ces structures lymphoïdes, induites par la tumeur (Ti-BALTS ou Tumor Induced), sont fonctionnelles. Et, enfin, ils montrent leur utilité potentielle en tant que marqueur utilisable en clinique.
Ils ont réalisé une étude rétrospective par analyse immunohistochimique de spécimens tumoraux prélevés chez 74 patients ayant souffert d'un cancer pulmonaire non à petites cellules (CPNPC) précoce (46 adénocarcinomes et 28 carcinomes épidermoïdes, ainsi que 5 prélèvements de tissu pulmonaire non cancéreux).
Les Ti-BALTS sont détectés dans des tumeurs, mais ne sont pas présents dans le tissu pulmonaire non tumoral, ce qui suggère que leur présence est consécutive au processus tumoral.
«Tout comme un ganglion lymphatique, les Ti-BALTS sont composés de cellules dendritiques matures et de cellulesT réunies en agrégats adjacents à des follicules de cellulesB. Et ils présentent toutes les caractéristiques d'une réponse immunitaire active.»
Sachant que les ganglions lymphatiques sont le siège du déclenchement des défenses immunitaires, ils ont voulu déterminer si ces structures sont impliquées dans le contrôle du développement tumoral et, de ce fait, dans la survie des patients. C'est ainsi qu'ils font un lien entre l'importance du Ti-BALT tumoral parvenu à maturité et un meilleur pronostic.
«L'analyse de corrélation monovariée a montré que la densité des cellules dendritiques matures dans les CPNPC précoces est associée à un pronostic favorable et à la survie sans maladie, selon une relation hautement significative.» La densité en cellules dendritiques matures du tissu tumoral apparaît même être un meilleur facteur prédictif de l'évolution clinique que les autres paramètres testés. «Les malades opérés d'une tumeur pulmonaire présentant une densité importante de ces structures ont une survie beaucoup plus longue que les patients ne possédant que peu ou pas ce genre de structures dans leurs tumeurs.» Et les cellules dendritiques matures tumorales pourraient avoir une application clinique directe, car on pourrait les utiliser pour identifier les patients à un stade précoce du CPNPC qui ont un risque élevé de rechute.
Ainsi, le Ti-BALT est un tissu qui participe activement à la lutte immunitaire contre la tumeur même si son efficacité reste insuffisante et même si cette structure n'est probablement pas impliquée directement dans la survie. Au cours de la progression tumorale, le Ti-BALT doit permettre aux lymphocytes T de réagir plus rapidement aux modifications d'expression des antigènes de la tumeur.
«Ces travaux démontrent une fois de plus que l'aspect immunologique du microenvironnement tumoral joue un rôle dominant sur la survie du patient», y compris à un stade précoce.
Dieu-Nosjean MC et coll. « Journal of Clinical Oncology », vol. 26, n° 27, 20 septembre 2008.
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