Le récepteur scavenger CD-36 est l'un des transporteurs transmembranaires des lipoprotéines de type LD oxydées. Sa forme soluble est exprimée dans les cellules circulantes de l'inflammation. Elle constituerait un marqueur de l'insulinorésistance et de l'athérosclérose.
C'EST IL Y A plus de 130 ans, en 1876, que W. Ebstein avait noté l'efficacité hypoglycémiante de hautes doses d'aspirine chez les diabétiques. Le lien entre inflammation et physiopathologie du diabète de type 2 était ainsi déjà envisagée. Mais ce n'est que récemment que les effets hypoglycémiants et anti-inflammatoires des salicylés ont été intégrés aux mécanismes de l'insulinorésistance (1). Par ailleurs, la résistance à l'insuline est un mécanisme impliqué dans la physiopathologie du diabète de type 2, mais aussi de l'hypertension artérielle essentielle et de l'athérosclérose.
Il revient à P. Libby (Harvard Medical School, Boston, Massachusetts) d'avoir montré, en 2002, le rôle de la glycoprotéine de membrane CD-36, un transporteur transmembranaire doté d'une haute affinité pour les lipoprotéines de type LD oxydées, dans la physiopathologie de la plaque d'athérome. Ce récepteur éboueur, ou « scavenger », notamment présent sur les macrophages, constitue un argument essentiel en faveur de la théorie inflammatoire et « oxydative » de l'athérosclérose.
Une répartition variée, des fonctions multiples.
Outre les monocytes-macrophages, ce récepteur a été également retrouvé dans des tissus divers comme les plaquettes, les cellules endothéliales, les adipocytes, les cellules musculaires et les hépatocytes. Il est doté de fonctions également variées.
Fait essentiel, l'expression de ce récepteur CD-36 est régulée par la glycémie et constitue un trait d'union entre athérosclérose et diabète. Cette expression est ainsi augmentée dans les monocytes des diabétiques de type 2. Elle constitue la réponse des macrophages à une dysrégulation de la signalisation intracellulaire de l'insulinémie (2).
Comme A. Handberg l'a montré, le récepteur CD-36 est également exprimé au niveau plasmatique chez les obèses et les diabétiques de type 2. Chez ce type de sujets, son taux plasmatique est apparu corrélé à la glycémie à jeun et au taux d'hémoglobine glyquée, à l'insulinémie, à l'index de masse corporelle et à la triglycéridémie.
Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), pathologie endocrinienne dont la fréquence atteint de 5 à 10 % des femmes pendant la période d'activité génitale, est associé à une diminution de 35 à 40 % de la sensibilité à l'insuline par comparaison avec des femmes appariées pour l'index de masse corporelle. Corrélativement à l'insulinorésistance, le taux de forme soluble du récepteur CD-36 est augmenté chez ces femmes.
Des travaux non encore publiés ont montré que l'augmentation plasmatique du récepteur CD-36 est associée à une hausse du risque de diabète de type 2. Une publication très récente montre également qu'elle constitue un marqueur de l'atteinte hépatique chez les sujets intolérants au glucose (3). Enfin, le taux sérique de CD-36 est plus élevé chez les sujets ayant des plaques d'athérome instables par comparaison avec des patients dont les plaques sont stables (4).
Au carrefour des pathologies endocriniennes, vasculaires et hépatiques.
Pour A. Handberg, il a été ainsi démontré que le récepteur scavenger CD-36 est augmenté chez les diabétiques de type 2 et chez les obèses. Son taux est inversement corrélé à la sensibilité à l'insuline et son augmentation est associée à une hausse du risque de diabète.
Par ailleurs, la baisse de la sensibilité à l'insuline et l'augmentation sérique du taux de CD-36 sont des facteurs prédictifs d'atteinte hépatique. Enfin, l'augmentation de l'expression de ce récepteur s'élève en cas de plaque d'athérome instable.
A. Handberg suggère donc que la forme soluble du récepteur scavenger CD-36 est un marqueur de l'insulinorésistance et de l'athérosclérose. Cela résulte d'une augmentation de son expression au sein des cellules circulantes de l'inflammation et de celles qui infiltrent le tissu adipeux, le foie et les parois vasculaires.
D'après la communication de A. Handberg.
(1) Shoelson S et coll. J Clin Invest 2006;116(7):1793-801.
(2) Liang C et coll. J Clin Invest 2004;113(5):764-73.
(3) Fernández-Real JM et coll. J Nutr Biochem 2008 Sep 10.
(4) Handberg A et coll. Stroke 2008 Aug 21.
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