«M EME si les cancers de la thyroïde sont les plus fréquentes des tumeurs endocrines, le diagnostic préopératoire reste difficile », explique le Dr A Bartalazzi (Karolisnka Institute, Stockholm). Si l'aspiration à l'aide d'une fine aiguille permet l'étude cytologique et facilite la prise en charge clinique, la caractérisation préopératoire des lésions folliculaires reste très difficile. C'est pour cette raison qu'un grand nombre de patients subissent une intervention chirurgicale plus pour des raisons diagnostiques que dans un but purement curatif.
L'équipe internationale (Thyroid Cancer Study Group) coordonnée par le Dr Bartolazzi a mis en place une étude multicentrique internationale afin d'évaluer l'utilité du dosage de 2 marqueurs immunohistochimiques potentiels des tumeurs thyroïdiennes. Ils ont choisi d'utiliser tout d'abord le CD44v6, isoforme d'une glycoprotéine de surface des cellules thyroïdiennes dont l'expression est qualitativement et quantitativement altérée en cas de tumeur. Ensuite, ils ont sélectionné la galectine 3 impliquée dans les interactions cellules-cellules et cellules-matrice exclusivement en présence de cellules tumorales.
L'expression du CD44v6 et de la galectine 3 a été testée sur 1 009 lésions thyroïdiennes et 226 échantillons de tissu thyroïdien obtenus en préopératoire lors d'une aspiration nodulaire guidée par ultrasons. Les valeurs de la sensibilité, la spécificité, la valeur prédictive positive et la précision diagnostique de cette méthode de test (incluant une estimation des deux marqueurs) ont été estimées par les auteurs à respectivement 88, 98, 91 et 97 %.
Une précision diagnostique de 99 %
Utilisé seul, le test d'immunodétection de la galectine 3 permet la détection de tumeurs malignes de la thyroïde avec une sensibilité de 99 %, une spécificité de 98 %, une valeur prédictive positive de 92 % et une précision diagnostique de 99 %. Chez les patients porteurs de thyroïde normale, aucun cas de positivité de la galectine 3 n' a été décrit. Une étude en sous-groupe, selon le type histologique de la lésion en cause, a montré une spécificité particulière du test en cas de carcinomes folliculaires invasifs a minima, en présence de carcinomes papillaires, quel qu'en soit le type, de carcinomes anaplasiques et de néoplasie folliculaires.
Les auteurs ont aussi rapporté une positivité de ce test dans 2 des 4 cas de thyroïdite d'Hashimoto inclus dans le registre et ils proposent que des tests immunohistochimiques soient entrepris sur ces patients afin de déterminer plus précisément la raison de la positivité du test.
Pour les auteurs, « l'intégration du dosage immunologique de la galectine 3 au bilan clinique et cytomorphologique conventionnel dans les cas de suspicion de tumeur thyroïdienne représente un moyen de limiter le nombre des interventions chirurgicales à visée purement diagnostique. Mais en aucun cas, il n'est envisageable de se limiter à la pratique de ce test sans pratiquer des examens morphologiques et cliniques ».
« Lancet »; vol. 357, pp. 1644-1650, 26 mai 2001.
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