LE TEMPS DE LA MEDECINE
PLUS DE 8 millions de Français - dont la moitié ont plus de 70 ans - traités pour hypertension artérielle, 12 % de nouveaux diabétiques chaque année pour un total dépassant les deux millions de personnes. Un constat auquel s'ajoute la responsabilisation croissante de la population en termes de santé, dans un contexte de réduction des dépenses. Les conditions sont réunies pour encourager les comportements d'autosurveillance chez les patients. Ce qui promet au marché des home-tests un développement important, que les chiffres ne confirment que partiellement avec un volume de ventes en baisse de 8,6 %, pour une valeur qui gagne 7,8 % (source IMS Health).
Le plus important secteur des home-tests, celui de la glycémie, reflète la tendance en affichant un volume en perte de vitesse (- 7,7 %) et une valeur en hausse (+ 9,6 %). L'évolution n'inquiète pas Philippe Emery, responsable marketing du département Abbott Diabetes Care : « Nous avons récemment changé nos conditionnements de réactifs en passant de 100 à 150 unités par boîte. Le calcul du volume des ventes s'en ressent donc. Cela dit, la réalité du marché est ailleurs, plus justement reflétée par l'augmentation du chiffre d'affaires, conséquence directe d'une croissance de la population diabétique en France et d'une prise en charge renforcée par le développement des moyens d'éducation. »
Philippe Emery soulève cependant une question. « Depuis le passage des vignettes à code-barres, les prix de vente conseillés n'apparaissent plus sur les emballages. Il en résulte, dans notre domaine, un dérapage des prix dont se plaignent les patients. Or le diabète est une maladie chronique qui impose l'utilisation d'instruments d'autodiagnostic qui font pleinement partie du traitement. Il ne s'agit en aucun cas de matériel de confort. »
Ces outils peuvent représenter un budget atteignant 450 euros par mois, entre l'achat du lecteur (conçu pour durer quatre ans, période de renouvellement du remboursement), celui des lancettes, des réactifs (électrodes ou bandelettes) et des traitements médicamenteux. De plus en plus sophistiqués, ces appareils offrent un résultat en quelques secondes et présentent, pour certains, des possibilités de mémorisation et de moyenne des mesures exploitables par logiciels. Optium Xceed (Abbott) détecte en outre la présence d'acétone, alors qu'un service d'assistance par téléphone est assuré par LifeScan, qui commercialise le lecteur OneTouch Ultra. Bayer Diagnostic privilégie l'autonomie du patient grâce à un système de lecture par disque permettant une dizaine d'utilisations sans avoir à recharger (Ascensia Esprit 2, Ascensia Confirm) et Roche Diagnostics veille à la simplicité d'utilisation avec Accu-Chek Go et Accu-Chek Active. Chez Menarini Diagnostic France, le dispositif porte le nom de Glucomen Glyco.
Former, informer.
Améliorer la connaissance de ses réactions physiologiques, c'est aussi mieux contrôler sa santé. Un intérêt commun des fabricants d'appareils d'autodiagnostic et des utilisateurs, les premiers en travaillant la fiabilité, la rapidité et la simplicité d'utilisation du matériel, les seconds contraints par la pathologie.
Les Laboratoires Semes, qui commercialisent la gamme Marque Verte, ont ainsi lancé un nouvel autotensiomètre en avril dernier. Le Digitensio est équipé de la technologie MAM (mesure artérielle moyenne), qui permet d'effectuer trois mesures des tensions hautes et basses à 15 secondes d'intervalle. Cette multiplication des prises améliore la fiabilité du résultat obtenu, en évitant l'effet « blouse blanche » portant parfois le patient à un accès de nervosité pendant le test qui en fausse les résultats. Une moyenne des trois mesures est faite par l'appareil et présentée par le patient à son praticien sous forme d'historique. « Un million de personnes seulement étaient équipées d'un tensiomètre en 2002, remarque Doris Ioppi, responsable marketing des Laboratoires Semes Marque Verte. L'intérêt de surveiller sa tension à domicile est aujourd'hui bien établi et indispensable en cas d'hypertension. Mesurer soi-même sa tension, c'est facile, mais il est essentiel de bien respecter certaines règles pour obtenir des valeurs significatives et se prendre en charge efficacement. »
Outre une conférence organisée sur le sujet lors du salon Pharmagora, Marque Verte a mis à disposition des pharmaciens une station de prise de tension avec un tensiomètre et une imprimante pour éditer les résultats. Même démarche chez les Laboratoires Paul Hartmann qui, en outre, ont collaboré à la première campagne de communication sur l'intérêt de l'automesure tensionnelle, opération lancée en décembre 2003 par le Comité français de lutte contre l'hypertension artérielle.
Et d'information il y a besoin, autant en ce qui concerne la pathologie que les moyens d'en déceler l'existence ou d'en surveiller l'évolution grâce à l'autodiagnostic. Seulement voilà, les mesures de la tension doivent s'effectuer dans des conditions particulières, avec des appareils dont la fiabilité aura été certifiée, sachant que ces dispositifs peuvent être vendus dans tous les circuits de distribution. Dans ce sens, l'Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) a établi une liste* des autotensiomètres validés sur la base de données techniques et cliniques. On y trouve notamment certains modèles de Paul Hartmann (Tensoval Comfort Brassard), Omron Santé, Microlife, mais aussi Cooper, Thuasne et Semes Marque Verte. Adaptables au bras ou au poignet, ces appareils sont, pour certains, dotés d'une mémoire permettant d'enregistrer les mesures, d'effectuer des moyennes, d'imprimer les résultats (Omron Santé) ou de détecter une arythmie (technologie PAD de Microlife).
Moment clé.
Même tendance à la fiabilité mais aussi à la lisibilité des résultats dans le secteur des tests de grossesse (+ 5,2 % en volume et + 4,9 % en valeur). Présentés le plus souvent sous forme d'un stylo équipé d'une tige absorbante à maintenir sous le jet d'urine, ces dispositifs gagnent en performance et revendiquent des taux de fiabilité proches de 100 %. Polivé a lancé, au début de l'année, le premier test de grossesse électronique Clearblue, qui affiche en toutes lettres le résultat, « Enceinte » ou « Pas enceinte ». Vendu avec trois recharges, il offre un résultat en trois minutes et peut s'utiliser dès le premier jour de retard des règles, comme la plupart de ses concurrents. Prédictor (Oméga Pharma) est désormais muni d'un « timer » indiquant à l'utilisatrice le moment où le résultat du test peut être lu et Marque Verte revendique la rapidité, la fiabilité et la simplicité d'utilisation d'Em'vé test de grossesse. Le marché compte encore bien d'autres acteurs comme Bluetest de Delta Pharm, Révélatest chez Pierre Fabre, Baby-chek-Plus de Zambon France...
Matara Diagnostics, outre la grossesse, est présent sur les plus jeunes des segments de l'autodiagnostic : les tests d'ovulation sont pratiqués depuis sept ans environ (Primatime), la détection de l'hormone FSH concernant la ménopause (Menotime) l'est depuis trois ans, tout comme l'autodépistage du cholestérol (Cholescreen), les tests de sang dans les selles (Hemocheck) n'occupant le marché que depuis deux ans. « Ces segments sont porteurs, souligne Jean-Claude Lastmann, directeur général du laboratoire . Sur 700 000 femmes infertiles en France, la plupart ne réussissent pas à être enceintes parce qu'elles identifient mal leur période de stricte fertilité. »
Quant aux tests de cholestérol, ils peuvent se révéler utiles pour 30 % de la population qui présente un risque d'accident cardiaque. « Nous sommes à un moment clé, poursuit J.-Cl. Lastmann . Les prises en charge tendent à baisser alors que le public est de plus en plus exigeant en ce qui concerne la gestion de son état de santé. »
* http//afssaps.sante.fr .
Automesure, mode d'emploi
Sur le site Automesure.com, dirigé par le Dr Nicolas Postel-Vinay, des médecins prodiguent des conseils sur l'automesure, de la tension artérielle à la dépendance à l'alcool en passant par le souffle, la glycémie ou le risque cardiaque. « En mesurant vous-même votre santé, vous pouvez mieux vous soigner ou mieux prévenir certaines maladies. Mais à condition que les conditions et les techniques de meure soient correctes. » L'équipe médicale du site (service de santé publique et d'informatique médicale de la faculté de médecine Broussais - Hôtel-Dieu) explique les bonnes pratiques de l'automesure et signalent les erreurs à ne pas connaître.
>>>>www..automesure.com
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