IRM et maladie d'Alzheimer

Un logiciel au secours du dépistage précoce

Publié le 26/06/2008
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UNE FOIS encore, l'informatique surpasse l'humain. Il s'agit ici d'analyse d'images IRM au cours du dépistage de la maladie d'Alzheimer. Des chercheurs du CNRS (Olivier Colliot et coll.) associés à des équipes INSERM ont, en effet, mis au point et testé un logiciel de traitement d'images. Il permet d'automatiser la mesure du volume de l'hippocampe. La même information était jusqu'alors disponible de façon manuelle. L'analyse, qui prenait plus d'une heure, était très opérateur-dépendante. Elle passe à 11 minutes en moyenne.

L'intérêt de cette technique qui procède par segmentation et reconstruction d'image en trois dimensions repose sur les possibilités de dépistage précoce qu'elle dévoile. Il faut se souvenir que l'atrophie de l'hippocampe constitue la première atteinte anatomique de la maladie d'Alzheimer.

Le logiciel a été conçu par le laboratoire de neurosciences cognitives et d'imagerie cérébrale (CNRS). Il vient d'être validé auprès de patients recrutés à Paris et à Caen. Le groupe de participants se composait de 25 sujets atteints de maladie d'Alzheimer (73 ± 6 ans), de 24 atteints de troubles cognitifs légers (74 ± 8 ans) et de 25 contrôles (64 ± 8 ans).

Un minimum d'intervention humaine.

Chacun des participants a subi une IRM. Puis une segmentation de l'hippocampe a été réalisée automatiquement grâce au logiciel développé par les équipes, avec un minimum d'intervention humaine. Le volume amygdalo-hippocampique a pu être déterminé et l'atrophie de l'hippocampe a été constatée entre les divers groupes de participants. Par rapport aux sujets contrôles, la perte de volume était de 32 % chez ceux atteints de maladie d'Alzheimer et de 19 % en cas de déficit cognitif léger. Elle était, enfin, de 15 % entre ces deux derniers groupes.

Par rapport aux évaluations des patients par les moyens classiques, la classification selon les volumes des hippocampes a été correcte dans 84 % des cas entre les malades et les contrôles (sensibilité et spécificité à 84 %), ainsi que dans 73 % des cas pour ceux porteurs d'un déficit cognitif léger (sensibilité 75 %, spécificité : 70 %).

Même si la nouvelle technologie semble prometteuse dans le dépistage précoce de la maladie d'Alzheimer, les auteurs considèrent que leurs résultats demandent à être confirmés sur de plus grands nombres.

O. Colliot, G. Chételat, M. Chupin, B. Desgranges, B. Magnin, H. Benali, B. Dubois, L. Garnero, F. Eustache, S. Lehéricy. « Radiology », vol. 248, n° 1, pp. 194-201.

> Dr GUY BENZADON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8401