Des chercheurs viennent de montrer l'existence d'une interaction entre le virus herpès simplex (HSV) et le précurseur de la protéine bêta amyloïde, l'APP.
Le HSV est transporté à travers le corps humain en utilisant l'APP, qui, pour ce faire, recrute un transporteur microtubulaire nommé « kinésine ».
La protéine bêta amyloïde est produite à partir du clivage de l'APP ; elle est, selon les hypothèses prévalant actuellement, à l'origine de la maladie d'Alzheimer.
Mais Bearer et coll. tiennent à souligner qu'aucune conclusion concernant la maladie d'Alzheimer ne peut être tirée de leur travail. Et que les porteurs du HSV (près de 85 % de la population) n'ont pas à s'alarmer, aucune association n'ayant été montrée entre cette infection virale et la maladie d'Alzheimer.
Le « transport antérograde »
Elaine Bearer et coll. (Brown University) travaillent sur l'axone géant de calmar, dont le diamètre de près d'un millimètre est 1 000 fois supérieur à celui des axones humains. Ils cherchaient avec ce modèle à savoir comment les virus neurotropes se déplacent à l'intérieur des cellules nerveuses ou d'une cellule à l'autre. Et ils s'intéressaient en particulier au HSV, tentant d'élucider comment il voyage pour parvenir aux lèvres où il forme une phlyctène, après être demeuré quelques temps à l'état latent dans le ganglion trigéminal à proximité du cerveau.
Ils trouvent que ce voyage est effectué sans APP, mais que pour le retour en sens inverse vers les lèvres, le « transport antérograde » selon leur terminologie, l'APP est utilisée par le HSV. Ils démontrent par ailleurs que lorsque le virus est couplé avec l'APP il se déplace remarquablement vite.
Les chercheurs font comprendre le mécanisme avec l'image suivante : « C'est comme si le HSV détournait une voiture - la kinésine - dont l'APP serait le chauffeur... Le virus emprunte l'APP pour aller là où il veut et non là où l'APP le veut. » Par ailleurs, on ne sait pas pourquoi ni comment l'APP et les protéines qui surviennent après clivage sont toxiques chez certaines personnes, alors que l'APP est présente chez tout le monde.
Bearer et coll. avancent une hypothèse : peut-être que, lorsque l'APP est cooptée par le HSV, le clivage de la protéine précurseur est réalisé à un endroit où cela ne devrait pas normalement se produire et en quantité trop importante. « Lorsque l'APP s'accumule autour d'un neurone, ce dernier meurt. »
Des travaux antérieurs ont déjà impliqué le HSV dans le déclenchement de la maladie d'Alzheimer, mais cette hypothèse demeure très controversée.
E. Bearer déclare s'attendre toutefois à ce que sa publication déclenche des travaux d'investigation sur un rôle possible du HSV dans la pathogénie de la maladie et éventuellement en thérapeutique.
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