LES RESULTATS d'une méta-analyse britannique confirment l'existence d'un lien entre la concentration plasmatique en homocystéine et le risque d'accident vasculaire cérébral. Casas et coll. (University College London, Londres) ont démontré qu'une élévation de l'homocystéinémie est associée à un risque accru d'accident vasculaire cérébral, indépendamment de tout autre facteur de risque. Ce résultat devrait conduire au lancement de nouvelles études visant à évaluer l'effet d'une supplémentation en vitamines B sur ce risque. L'acide folique et les vitamines B12 et B6 ont, en effet, la propriété de diminuer la concentration plasmatique de l'homocystéine.
Des études de cohortes et des analyses cas-témoins avaient déjà indiqué l'existence d'un lien entre la concentration plasmatique en homocystéine et le risque d'AVC. Cependant, la nature précise de ce lien restait sujette à débat.
Pour certains auteurs, les données disponibles suggéraient qu'une forte concentration en homocystéine devait augmenter le risque d'accident vasculaire cérébral. Mais pour d'autres chercheurs, la relation de causalité n'était pas aussi claire : sachant que la concentration en homocystéine est influencée par des facteurs tels que le tabagisme, la pression artérielle ou le statut social, et sachant que cette concentration est plus élevée chez les personnes présentant une athérosclérose, il était en effet difficile d'exclure que le lien entre le risque d'AVC et l'homocystéine soit inversé (l'accident entraînerait une augmentation de la concentration en homocystéine) ou indirecte (des facteurs tels le tabagisme augmenteraient, d'une part, le risque d'AVC et, d'autre part, la concentration en homocystéine).
Un polymorphisme courant.
Casas et coll. ont utilisé une approche originale pour résoudre ce dilemme : ils ont tiré parti de l'existence d'un polymorphisme courant qui augmente la concentration plasmatique en homocystéine. Ce polymorphisme touche le gène MTHFR (MéthylèneTétraHydroFolate Réductase), impliqué dans le métabolisme de l'homocystéine.
Les chercheurs britanniques ont décidé d'analyser le risque d'accident cérébral chez les porteurs homozygotes de cette variation génétique (l'allèle C677T) et de le comparer au même risque mesuré chez des individus porteurs homozygotes de l'allèle normal du gène MTHFR. Leur hypothèse de travail était simple : si l'augmentation en homocystéine augmente le risque d'AVC, les porteurs homozygotes de l'allèle C677T devraient avoir un risque accru d'accident vasculaire. La transmission de ce polymorphisme est parfaitement indépendante des autres facteurs génétiques et environnementaux susceptibles de modifier le risque d'AVC, cette stratégie leur a permis de s'affranchir d'un maximum de biais.
Risque d'AVC multiplié par 1,26.
Casas et coll. ont recherché dans les banques de données bibliographiques toutes les études portant sur le taux d'homocystéine associé à la mutation C677T, ainsi que toutes celles portant sur l'influence de ce génotype sur le risque d'AVC. La compilation des résultats de plus de cent études les a conduit aux conclusions suivantes : les sujets homozygotes pour l'allèle C677T du gène MTHFR ont une concentration plasmatique en homocystéine significativement plus élevée que les individus qui portent un autre allèle (+ 1,93 μmol/l) et leur risque d'AVC est multiplié par 1,26. Cette augmentation du risque d'AVC est certes faible, mais elle est associée à une augmentation de la concentration en homocystéine elle-même peu importante.
Quoi qu'il en soit, cette étude démontre pour la première fois l'existence d'un lien causal entre l'élévation du taux plasmatique d'homocystéine et le risque d'attaque cérébral.
J.P. Casas et coll., « The Lancet » du 15 janvier 2005, pp. 224-232.
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