TOUTES les études épidémiologiques menées dans la population générale et chez les patients à risque de maladie cardio-vasculaire ou ayant une maladie cardio-vasulaire patente convergent. Il existe un lien fort entre l'insuffisance érectile et les maladies cardio-vasculaires au sens large, et il est licite d'émettre l'hypothèse que la survenue, chez un homme vieillissant, d'une insuffisance érectile, constitue un signe sentinelle d'une dégradation de son statut cardio-vasculaire. Physiopathologiquement, ce lien se fonde sur la dysfonction endothéliale, touchant de façon similaire les parois artérielles et le tissu érectile.
Il est par exemple établi qu'un homme de plus de 50 ans ayant une insuffisnace érectile est plus volontiers exposé à la survenue, à terme, d'un événement cardio-vasculaire, accident vasculaire cérébral ou infarctus du myocarde.
« Ces données sont très intéressantes car elles replacent l'insuffisance érectile dans un contexte médical et font poser la question de l'intérêt éventuel, de dépister ce symptôme par le simple interrogatoire, et donc avec un très faible coût. Le dépistage d'une insuffisance érectile lors de l'interrogatoire pourrait ainsi conduire à réaliser un bilan cardiologique », poursuit le Dr Giuliano.
Par ailleurs, les données s'accumulent pour souligner le potentiel des inhibiteurs de la PDE5 dans le traitement des maladies cardio-vasculaires, en particulier de la dysfonction endothéliale. Cela va donc à l'encontre du risque cardio-vasculaire éventuel de cette classe pendant longtemps craint ou cru ; ce qui ne doit pas faire oublier leur contre-indication formelle d'association avec les dérivés nitrés.
A noter l'enregistrement récent, aux Etats-Unis du sildénafil dans l'hypertension artérielle pulmonaire.
Avec les Tuba
« On sait qu'il existe une association, dont les mécanismes ne sont pas bien compris, entre les symptômes de l'hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) et les troubles sexuels chez l'homme vieillissant (insuffisance érectile, troubles de l'éjaculation à type de retard, diminution du volume de l'éjaculat, voire douleur à l'éjaculation). Nous disposions de quelques données préliminaires montrant un effet favorable de la prise quotidienne d'un inhibiteur de PDE5 sur les troubles urinaires du bas appareils (Tuba). » Présentés ces dernières semaines, les résultats de deux études contrôlées versus placebo (l'une avec le tadalafil, l'autre avec le sildénafil) montrent une amélioration significative du score IPSS lors de la prise quotidienne de ces molécules chez des patients souffrant de Tuba. « De façon intéressante, les bénéfices des inhibiteurs de la PDE5 portent plus sur les signes irritatifs que sur les signes obstructifs », poursuit le Dr Giuliano. « Sur la base de ces premiers essais, il pourrait exister, au moins chez certains patients, un lien physiopathologique entre l'insuffisance érectile et les Tuba.
On voit donc apparaître le concept d'un vieillissement de l'appareil uro-génito-sexuel masculin, pour lequel l'urologue joue un rôle de premier
plan », conclut le Dr Giuliano.
* Hôpital Raymond-Poincaré, Garches
Ejaculation prématurée
Dans le domaine de l'éjaculation prématurée, les connaissances progressent.
Tout d'abord, sur la définition même du trouble, qui devient de plus en plus consensuelle et inclut non seulement le délai entre la pénétration vaginale et l'éjaculation, mais également la notion de contrôle que le patient décrit avoir ou non sur son éjaculation et celle de la satisfaction qu'il ressent au moment du rapport sexuel et de la plainte éventuelle liée à une éjaculation survenant trop rapidement.
« Ainsi, désormais, le diagnostic d'éjaculation prématurée doit prendre en compte trois critères : délai, contrôle, satisfaction et/ou souffrance », insiste le Dr Giuliano.
Ensuite sur le délai à l'éjaculation des hommes qui se déclarent éjaculateurs précoces ; des études observationnelles ont été récemment conduites tant aux Etats-Unis qu'en Europe, avec une mesure « objective » du délai pour éjaculer à l'aide d'un chronomètre. L'étude américaine montre que le délai moyen pour éjaculer est de trois minutes chez les hommes rapportant une éjaculation prématurée vs neuf minutes quinze chez les hommes ne déclarant pas d'éjaculation précoce avec une médiane à 1,8 min vs 7,3 min.
Les progrès portent enfin sur l'approche thérapeutique. Plusieurs essais cliniques en cours évaluent l'efficatcié d'inhibiteurs de recapture de la sérotonine à demi-vie courte. Les travaux les plus avancés sont ceux menés avec la dapoxétine.
Ces études montrent que les IRS pris de une à trois heures avant le rapport sexuel retardent l'éjaculation, augmentent le contrôle par le patient at accroissent la satisfaction des patients et de leur patenraire.
Leur intérêt serait, à terme et dans le cadre d'une AMM, de traiter l'éjaculation précoce à la demande, et donc à l'inverse de l'usage actuel hors AMM des antidépresseurs en continu.
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