Le rôle bénéfique pour la santé de l'homme des laits fermentés est suggéré depuis des millénaires. Aujourd'hui, on reconnaît que l'équilibre de la flore intestinale joue un rôle de barrière contre le développement des germes pathogènes dans l'intestin. Ainsi, il a été montré que diverses espèces de bifidobactéries et de lactobacilles diminuent l'incidence, la gravité des diarrhées associées aux antibiotiques. Mieux, les données actuelles sur l'implantation dans la flore de bifidobactéries suggèrent que l'on peut attendre de nombreux effets bénéfiques pour la santé du nourrisson : des bactéries probiotiques pourraient contribuer à augmenter la résistance des muqueuses non seulement contre les infections gastro-intestinales, mais aussi contre les allergènes alimentaires.
La protection conférée par le lait maternel est probablement multifactorielle mais semble due en partie à une modulation de la flore intestinale du nouveau-né. En effet, il existe dans le lait maternel des facteurs dits « bifidogènes » absents dans le lait de préparation classique. Ils favorisent le développement, dès le premier mois de la vie, d'une flore intestinale essentiellement composée de bifidobactéries (c'est vers 1 à 2 ans que l'enfant acquiert une flore intestinale du même type que celle de l'adulte). D'où les tentatives d'implantation des bifidobactéries chez les nourrissons nourris au lait artificiel. Un candidat à la fonction probiotique doit être non pathogène et non toxique, atteindre l'intestin vivant et y avoir une activité métabolique, exercer un effet bénéfique sur la santé de l'hôte prouvé par des études cliniques.
Résistance particulière à l'oxygène
C'est le cas de la bactérie probiotique Bifidobacterium lactis Bp12. Cette souche résiste particulièrement bien à l'oxygène, ce qui facilite sa fabrication en poudre et son utilisation en ajout dans les préparations en poudre de lait infantile, alors que jusqu'à présent, les autres micro-organismes n'ont été proposés que sous forme « médicamenteuse » de supplémentation, parallèle à l'alimentation.
Comme l'a rapporté le Dr J.-P. Chouraqui (Grenoble), les résultats obtenus par différentes études récentes confirment les bénéfices de santé pour les enfants, en sachant qu'un effet positif n'est observé qu'en cas de prise régulière et ininterrompue. Ainsi, l'administration d'une formule enrichie en Bp12 chez les nouveau-nés et les jeunes enfants entraîne une colonisation par bifidobactéries aussi fréquente que chez ceux nourris au lait maternel et beaucoup plus fréquente que chez ceux nourris avec une formule classique. Concernant la stimulation immunitaire, on observe chez le nourrisson au huitième jour d'administration une augmentation significative des IgA totales fécales ainsi que des IGA antipolio. Cette augmentation persiste une semaine après l'arrêt de la formule enrichie.
En prévention de la diarrhée
Par ailleurs, une étude réalisée chez l'adulte a montré que l'administration pendant trois semaines d'un lait enrichi en Bp12 entraîne une augmentation de l'activité phagocytaire des granulocytes. L'effet bénéfique de l'addition de Bp12 en prévention de la diarrhée (moindre risque de survenue) a été démontré dans deux études randomisées (chez les nourrissons sains et hospitalisés), et sur l'amélioration de l'eczéma atopique dans une étude finlandaise. D'autres études doivent être menées avec une méthodologie rigoureuse pour démontrer l'intérêt de cette supplémentation dans la prévention de différentes infections intestinales, de l'allergie, de troubles du transit et de coliques du nourrisson.
A noter que, selon une enquête SOFRES réalisée en juin 2001 auprès de 502 mères, deux sur trois ignoraient l'existence des laits au bifidus et que pour le tiers d'entre elles connaissant ces laits, ils sont perçus comme des formules à utiliser en cas de problèmes et non pas comme des formules en première intention.
Symposium « Flore intestinale du nourrisson, un enjeu nutritionnel majeur », organisé par Nestlé France
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature