EN 1965, « PARIS VU PAR... » proposait la vision de six cinéastes (Godard, Chabrol, Rohmer, Douchet, Pollet, Rouch) sur la capitale en même temps qu’un manifeste de la Nouvelle Vague. Quarante ans plus tard, « Paris je t’aime » ne prétend pas renouveler le cinéma mais, de façon non moins ambitieuse, faire redécouvrir la ville à travers le regard de cinéastes venus des quatre coins de la planète.
A partir d’une idée originale de Tristan Carné, la productrice Claudie Ossard, qui aime les aventures atypiques (« 37°2 le matin », « Délicatessen », « le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain », « Arizona Dream »...), a porté le projet à bout de bras, avec ses contraintes budgétaires et de concordances d’emplois du temps. Tous les scénarios ont été écrits ou coécrits par leur réalisateur, à l’exception de celui du Quartier Latin, signé Gena Rowlands, et ces 18 petites séquences portent bien la patte de leur auteur. C’est ce qui fait le prix de ce voyage en montagnes russes, entre drôlerie et drame, d’un quartier à l’autre.
On aurait envie de les citer tous, on se contentera de quelques images, aussi pour ne pas gâcher le plaisir de la surprise. Au métro Tuileries, les Américains Joel et Ethan Coen mettent le pauvre Steve Buscemi, caricature de touriste américain perdu, à la torture : irrésistible. A Bastille, l’Espagnole Isabel Coixet imagine un mari (Sergio Castellitto) qui cherche à dire à son épouse qu’il la quitte : émouvant. Place des Victoires, le Japonais Nobuhiro Suwa fait courir une femme éplorée (Juliette Binoche) à la rencontre d’un improbable cow-boy (Willem Dafoe) : déchirant. Au parc Monceau, le Mexicain Alfonso Cuaron met en scène un homme d’âge mûr (Nick Nolte) et une jeune fille (Ludivine Sagnier) : attendrissant. Dans le quartier de la Madeleine, Vincenzo Natali livre Elijah Wood à une vampire (Olga Kurylenko) : virtuose. Dans le faubourg Saint-Denis, l’Allemand Tom Tykwer fait jouer à Natalie Portman une rupture : troublant. A Pigalle, l’Américain Richard La Gravenese oppose Fanny Ardant à Bob Hoskins dans une vigoureuse scène de ménage : savoureusement théâtral. Les Brésiliens Walter Salles et Daniela Thomas racontent la journée d’une jeune immigrée (Catalina Sandino Moreno) qui part à l’aube de sa triste banlieue pour aller travailler dans le 16e : militant. Et encore Bruno Podalydès à Montmartre, Gurinder Chadah sur les quais de Seine, Gus Van Sant dans le Marais (décevant), Christopher Doyle porte de Choisy, Sylvain Chomet du côté de la tour Eiffel, Olivier Assayas dans le quartier des Enfants Rouges, Oliver Schmitz place des Fêtes, Wes Craven au Père-Lachaise, Alexander Payne dans le 14e arrondissement, Frédéric Auburtin et Gérard Depardieu au Quartier Latin. Auburtin a par ailleurs signé le montage et les transitions entre les films, sachant que « Paris je t’aime » devait former un long métrage et non une succession de courts. Et c’est réussi.
Pour prolonger le plaisir du film, il y a aussi « Paris je t’aime » le livre, publié chez Hachette, avec des photos de tournage et un guide pour marcher sur les pas des personnages et trouver toutes sortes d’adresses*.
* « Paris je t’aime », d’Emmanuelle Sarrouy et Marie-Ange Sarrouy, Hachette, 26,5 x 29 cm, 192 pages, 35 euros. Il existe aussi un « Paris je t’aime » en petit guide, coordonné par Patrice Milleron (Hachette, 88 pages, 8 euros).
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