Absorbé par la guerre en Afghanistan, George W. Bush a-t-il raison d'adresser presque quotidiennement des mises en garde à l'Irak ?
Les Etats arabes ont adopté sur ce point une position claire : si les Etats-Unis s'en prennent à Saddam Hussein, c'en est fini de la coalition contre Ben Laden. Les Européens rendent un jugement sévère : la politique irakienne des Etats-Unis s'est soldée par un fiasco et le pire serait d'aggraver encore son bilan.
Dans cette affaire, les plus hypocrites sont ceux qui n'ont été sauvés de l'invasion irakienne que par l'intervention militaire de la coalition internationale conduite par les Etats-Unis. Quant aux Européens, ils ont toujours minimisé la menace que fait peser Saddam Hussein, alors qu'il s'est débarrassé des contrôles de l'ONU et qu'il poursuit indéniablement un programme nucléaire qui le rendra bientôt capable de dicter ses conditions non seulement à ses voisins mais aux Occidentaux.
Il est vrai qu'on voit mal les Américains, déjà très occupés par l'Afghanistan, ouvrir un deuxième front en Asie mineure. M. Bush, vraisemblablement, n'a pas l'intention d'attaquer Bagdad dans l'immédiat. Il cherche, pour le moment, à dissuader Saddam, qui attend sa vengeance, de prendre une décision malheureuse.
Le gouvernement américain a évoqué la possibilité d'une relance des contrôles des Nations unies sur les programmes nucléaire, chimique et biologique de Saddam Hussein, qui rejette cette solution avec le mépris que l'on sait. Dans la presse américaine, les avertissements abondent : non seulement le lien de Bagdad avec le terrorisme intégriste n'est plus à prouver (les experts qui soulignent le fondement laïque du régime irakien semblent ignorer sa capacité de nuisance pure), mais les autorités irakiennes, désormais libres de s'approvisionner en matériaux fissiles, disposeraient déjà d'explosifs nucléaires et, bien entendu, des fusées SCUD qui les livreraient à leur destination et qu'ils ont déjà utilisées contre l'Arabie saoudite et Israël.
Le danger est donc plus grand que celui des attentats du 11 septembre. Peut-être les Etats-Unis ne souhaitent-ils pas mener deux conflits simultanément, mais l'entêtement de Saddam à prendre sa revanche finira un jour par provoquer sa défaite définitive.
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