L'ophtalmologie souffre d'un paradoxe alarmant. Alors que des progrès considérables ont été réalisés dans ce domaine au cours des dernières années, le nombre de personnes souffrant de cécité ou de malvoyance ne diminue pas. Quatorze millions d'Européens sont touchés. En France, par exemple, 4 000 personnes souffrent de dystrophies rétiniennes.
Comment expliquer que ces patients n'aient pas toujours accès aux soins curatifs ou palliatifs et aux nouveaux traitements ? L'accroissement de la durée de vie y est certes pour quelque chose, mais aussi les retards dans l'application ou la diffusion des données des recherches actuelles.
L'Institut de recherches cliniques et biomédicales sur la vision a pour vocation celle de tout institut : regrouper, coordonner et harmoniser les résultats des recherches consacrées au domaine concerné. Si cette structure est une première en France, c'est parce qu'elle constituera le premier centre réunissant sur le même lieu des laboratoires de recherche et des entreprises de biotechnologies appliquées aux affections oculaires. L'institut a été installé par le ministre de la Recherche, Roger-Gérard Schwartzenberg, au sein du centre hospitalier national d'ophtamologie (CHNO) des Quinze-Vingts, à Paris, pôle de référence en la matière.
Constitué en groupement d'intérêt scientifique et piloté par le Pr José-Alain Sahel, il bénéficie d'un multipartenariat : l'INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), représenté par Christian Brechot, l'université Pierre-et-Marie-Curie, présidée par Gilbert Béréziat, le CHNO, représenté par Françoise Sabotier, sa présidente, et la fondation ophtalmologique Adolphe-de-Rothschild, représentée par Christian Lawrysz.
Le conseil scientifique regroupe des représentants de l'Académie de médecine, de l'hôpital Necker, de la faculté Saint-Antoine, des ophtalmologistes universitaires, de la direction IFR de rattachement, du Collège de France et de l'institut Pasteur de Lille. Il accueille également huit spécialistes étrangers.
En attendant la construction de murs, les équipes travaillent actuellement dans leurs laboratoires respectifs (celle du Pr Sahel à Strasbourg). D'ici à trois ans, un bâtiment d'une surface importante verra le jour selon le modèle de l'Institut d'ophtalmologie de Londres. Sa construction sera financée par les Quinze-Vingts. Les programmes de recherche seront assurés par la fondation Rothschild, par l'INSERM et par le CNRS, qui s'est déclaré prêt à intégrer l'institut.
Eviter l'éparpillement
Lequel est né de « la volonté d'interconnecter toutes ces synergies pour, entre autres, exister face aux Etats-Unis », confie le Pr Sahel . L'objectif immédiat est de créer un institut européen. « Il faut stimuler et éviter l'éparpillement, comme c'est trop souvent le cas en France », insiste-t-il.
Certaines alliances entre différents instituts sont déjà réalisées. Il restait à les formaliser. Le Pr Sahel est lui-même responsable du programme vision au sein de l'institut de la longévité récemment crée (« le Quotidien » du 3 avril) . Il est également membre du comité scientifique de l'Institut de Tübingen, en Allemagne.
« Cet institut est un peu provocateur, un idéal qui consiste à faire travailler des gens ensemble », admet José-Alain Sahel. Un effort humain qui pourrait profiter aux patients atteints de maladies rares. Centraliser les renseignements sur ce type de pathologies permettrait de mieux les identifier.
Centre hospitalier national d'ophtalmologie des Quinze-Vingts, 28, rue de Charenton, 75571 Paris Cedex 12.
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