COMMENT FONCTIONNENT les réseaux professionnels des médecins généralistes et quelle est leur évolution depuis la réforme de 2004 qui a instauré le dispositif du médecin traitant ? La DREES (service d'études statistiques du ministère de la Santé) a mené l'enquête en octobre-novembre 2007 en interrogeant par téléphone un panel de près de 2 000 généralistes installés dans cinq régions : Basse-Normandie, Bourgogne, Bretagne, Pays de la Loire et Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA). Selon cette étude (1) non représentative à l'échelle nationale, seulement 40 % des généralistes sondés estiment que «le partage des rôles entre spécialistes et généralistes est mieux défini» depuis la mise en place du dispositif médecin traitant en 2005. En revanche, près de la moitié d'entre eux déclarent qu'il reçoivent «des patients qui étaient auparavant pris en charge exclusivement par un spécialiste». Il reste que, dans les cinq régions étudiées, «environ 70% des généralistes partagent l'idée que certaines consultations ont uniquement pour objet la délivrance d'une ordonnance d'accès au spécialiste, permettant au patient d'être mieux remboursé», relève l'étude de la DREES. En outre, près de neuf généralistes interrogés sur dix pensent que «leur charge administrative a augmenté».
Conseils aux patients.
Les réseaux des généralistes ayant participé à l'étude se composent d'abord de professionnels. Les médecins spécialistes (surtout les cardiologues, les gastro-entérologues et les rhumatologues, et libéraux à 80 %) se trouvent en tête de liste des contacts professionnels puisque 90 % des généralistes interviewés déclarent avoir échangé par téléphone ou par mail avec au moins l'un d'entre eux au sujet d'un patient dans les quinze derniers jours.
Lorsqu'un généraliste du panel adresse l'un de ses patients à un spécialiste, il lui remet un courrier dans 95 % des cas, et joint directement son confrère une fois sur trois (par téléphone ou par mail) afin d'accélérer le rendez-vous et de discuter de la prise en charge de son patient. La plupart des généralistes conseillent à leurs patients des noms de confrères spécialistes, parce qu'ils ont à la fois l'habitude de travailler avec eux et la certitude qu'ils les tiendront informés. Autres critères pris en compte par environ les deux tiers des généralistes interrogés : la réputation des spécialistes conseillés et la proximité géographique.
Après les confrères spécialistes, les contacts les plus fréquents se font ensuite, par ordre décroissant, avec : les pharmaciens (pour plus de 85 % des généralistes), les infirmiers (entre 63 et 76 % selon les régions), les biologistes (entre 52 et 67 %), les kinés (entre 41 et 53 %), les médecins-conseils des caisses (de 22 à 38 %), les chirurgiens-dentistes (de 15 à 25 %), les médecins du travail (de 14 à 27 %), les assistantes sociales (de 12 à 19 %) et les psychologues (13 % en moyenne).
Jugé «étendu et varié» par la DREES, le réseau professionnel des médecins généralistes du panel inclut aussi des structures telles que : les services d'urgences (dont 32 à 45 % des généralistes obtiennent un retour après l'admission de l'un de leurs patients) et les secteurs psychiatriques, même si seulement 40 % des omnipraticiens sondés disent «pouvoir (les) contacter facilement en cas de besoin» et si 22 % estiment «être régulièrement informés de la situation de leurs patients qui y sont suivis».
Enfin, les quelque 2 000 généralistes interviewés disposent, selon la DREES, d' «un vaste réseau d'intervenants autour de la prise en charge des personnes âgées dépendantes»: infirmiers, services de soins infirmiers à domicile (SSIAD), consultations spécialisées hospitalières ou libérales, assistants sociaux, services d'hospitalisation à domicile (HAD), dont les structures sont inégalement implantées ou méconnues, tout comme les Centres locaux d'informations et de coordination (CLIC). Une large majorité d'omnipraticiens (de 72 % en Pays de la Loire à 82 % en PACA) pensent que la coordination des intervenants auprès des personnes âgées dépendantes relève de leur rôle de généraliste.
Enfin, la participation des généralistes interrogés aux réseaux de santé diffèrent selon les régions. Leur taux d'adhésion est plus fort en Bourgogne, en Bretagne et en Basse-Normandie (entre 39 et 44 %) qu'en Pays de la Loire (31 %) ou en PACA (27 %). Malgré leur mise en place souvent récente, les réseaux diabète ont particulièrement la cote. Les motivations des généralistes pour adhérer à un réseau portent sur : l'amélioration de leur connaissance des problèmes de santé des patients, une collaboration renforcée avec le milieu hospitalier, le secteur médico-social et leurs confrères spécialistes libéraux.
(1) Études et Résultats n° 649, « Les médecins généralistes : un réseau professionnel étendu et varié », août 2008. www.sante.gouv.fr/drees/index.html.
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