Les gastro-entérites du nourrisson, dont le principal responsable est le rotavirus, ont de lourdes conséquences en termes de morbidité, comme sur le plan économique. La prévention vaccinale, par voie orale, devrait bientôt être mise en œuvre.
L'INFECTION par le rotavirus tue 1 400 enfants chaque jour. Un vaccin a été mis sur le marché en 1998, mais un effet indésirable rare et grave est apparu. Les spécialistes s'accordent pour souligner la nécessité d'un vaccin efficace et sûr, mais aussi pour rappeler le besoin de données fondées sur des preuves.
Les rotavirus SONT une cause fréquente de diarrhées sévères chez les enfants, surtout dans les pays en voie de développement. Ils provoquent un nombre important de formes graves et de décès. On a évalué le nombre des décès à 3,5 millions par an, dont 2 millions chez des enfants de moins de 5 ans et 1,5 million chez les enfants de plus de 5 ans.
Il est donc absolument nécessaire de parvenir à mettre au point un vaccin efficace et sûr. Un supplément du « Journal of Infectious Diseases », publié en septembre 2005, fait le point sur cette infection en Asie. Il évoque notamment les efforts entrepris par le réseau de surveillance « Asian Rotavirus Surveillance Network ». Selon les données qu'ils publient, l'incidence de la diarrhée sévère à rotavirus serait encore plus importante que celle qui était préalablement estimée (1). En moyenne, en effet, le virus serait responsable de 45 % des hospitalisations pour gastro-entérite, soit deux fois plus que les estimations précédentes. Sur le plan financier, de nouvelles estimations indiquent que l'immunisation contre ce type d'infection pourrait permettre d'économiser 118 millions de dollars dans les pays d'Asie, en permettant d'éviter 93 000 décès et plus d'un million d'hospitalisations.
Un vaccin retiré du marché par son fabriquant.
Plusieurs groupes et sérotypes de rotavirus peuvent être pathogènes. Les rotavirus de groupe A infectent préférentiellement les jeunes enfants et les animaux. Il existe plusieurs antigènes de capside externe, baptisés VP7, ou antigènes G. Le sérotype G1 serait le plus fréquemment rencontré en Europe, le sérotype G2 étant plus fréquent en Afrique.
L'infection naturelle par le rotavirus confère une immunité contre les infections ultérieures. La probabilité de réinfection a été évaluée en 1996 par FR Velazquez et coll. (2). Ces auteurs ont évalué le risque relatif d'infection après un, deux ou trois épisodes préalables diminue progressivement passant de 0,62, à respectivement 0,40 et 0,34, le risque de diarrhée diminuant parallèlement et atteignant respectivement de 0,23, 0,17, et 0,08 par rapport à celui des enfants indemnes d'infection préalable. Par ailleurs, les diarrhées successives semblent de moins en moins graves.
Cet argument a plaidé en faveur de la mise au point d'un vaccin antirotavirus. Un vaccin tétravalent réassorti humain-simien, RotaShield, a ainsi été développé et a obtenu une autorisation de mise sur le marché aux Etats-Unis en août 1998. Le calendrier vaccinal a alors prévu d'inclure les nourrissons. Après la vaccination d'un million de sujets environ, plusieurs cas d'invagination intestinale aiguë postvaccinale ont été rapportés (3). Le risque a semblé maximal dans les trois à dix jours qui suivaient la première des trois doses orales de vaccin. Le risque d'invagination a été difficile à préciser, mais TV Murphy et coll. l'ont estimé à un cas pour 4 670 à 9 474 nourrissons vaccinés (4). Le mécanisme physiopathologique par lequel la vaccination contre le rotavirus déclenche l'invagination reste incompris. En tout état de cause, à la suite de la survenue de cet effet indésirable, le fabricant a retiré le vaccin du marché américain neuf mois après son introduction, bien qu'il disposât toujours d'une autorisation.
Pour des données fondées sur des preuves.
Les institutions internationales, en particulier le Program for Appropriate Technology in Health (PATH), une organisation sans but lucratif, se sont données pour mission de mettre au point un programme permettant de faciliter la mise au point des infrastructures et de la planification nécessaires au développement d'un nouveau vaccin. Le « Rotavirus Vaccine Program » (RVP) devrait donc en accélérer la mise à disponibilité, sachant que chaque jour de retard se traduit par le décès de 1 400 enfants (5).
Plusieurs vaccins candidats sont ainsi apparus (6), par exemple les vaccins RotaTeq et WC3-QV de la firme Merck, Rotarix (GSK), LLR (licencié en Chine par le Lanshou Institute), le vaccin australien RV3 ou encore les vaccins indiens 116 E et I 321 (Bharat Biotech).
Les deux premiers devraient être prochainement disponibles dans notre pays.
D'après la communication de J. Wecker. Case study : rotavirus.
1. Kapikian AZ, et coll. A hexavalent human rotavirus-bovine rotavirus (UK) reassortant vaccine designed for use in developing countries and delivered in a schedule with the potential to eliminate the risk of intussusception. « J Infect Dis » 2005 ;192 Suppl 1 : S22-9.
2. Velazquez FR, et coll. Rotavirus infections in infants as protection against subsequent infections. « N Engl J Med » 1996 ; 335 (14) : 1022-1028.
3. Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Intussusception among recipients of rotavirus vaccine-United States, 1998-1999. MMWR « Morb Mortal Wkly Rep » 1999 16 ; 48 (27) : 577-581.
4. Murphy TV, et coll. Intussusception among infants given an oral rotavirus vaccine. « N Engl J Med » 2001 ; 344 (8) : 564-572.
5. www.rotavirusvaccine.org.
6. Kirkwood CD, et coll. Rotavirus vaccines - an update. « Expert Opin Biol Ther » 2003 ; 3 (1) : 97-105.
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