LE PORTAGE NASOPHARYNGÉ du pneumocoque est très fréquent chez le jeune enfant ; ainsi jusqu'à 80 % des nourrissons gardés en crèche sont colonisés, rappelle le Dr Robert Cohen. C'est la porte d'entrée de toute infection et de toute diffusion du germe. Le pneumocoque peut passer directement des voies aériennes supérieures à l'oreille, provoquant une otite, ou, chez l'enfant plus grand, une sinusite, ou encore, en gagnant les voies aériennes inférieures, une pneumonie. Plus rarement, le pneumocoque est responsable d'une bactériémie susceptible d'être à l'origine d'une méningite. Ce petit rappel physiopathologique permet de comprendre l'intérêt de la diminution du portage nasopharyngé, que l'on observe depuis la généralisation de la vaccination antipneumococcique des nourrissons, mise en oeuvre en 2006 dans notre pays. Des données récentes confirment cet effet indirect de la vaccination : le portage des sérotypes de pneumocoques inclus dans le vaccin conjugué heptavalent a en effet beaucoup diminué. Mais, l'impact de la vaccination – et sa vocation première – reste, bien entendu, la diminution des infections invasives à pneumocoques. Les données du CDC (Center for Disease Control) américain montrent le succès de la vaccination généralisée de tous les nourrissons qui a été instituée outre-Atlantique dès 2002 : l'incidence des infections dues aux sérotypes vaccinaux a diminué de 98 % entre 1998-1999 et 2006 chez les enfants de moins de 5 ans. Des données similaires ont été enregistrées au Québec avec une baisse de 92 % des infections invasives dues aux sérotypes vaccinaux chez les enfants de 0 à 2 ans. L'augmentation des infections par des sérotypes non vaccinaux a été observée, mais elle est peu importante, même si l'élévation du sérotype 19A, notée aux États-Unis notamment, rend encore plus intéressante la mise au point du nouveau vaccin antipneumococcique à 13 valences, qui comprendra ce sérotype.
En France, les données du réseau Epibac montrent une diminution de 32 % des méningites à pneumocoque entre la période 1998-2002 et l'année 2006 chez les enfants de moins de 2 ans.
Diminution des pneumonies et des otites.
Le bénéfice de la vaccination s'étend aux infections non invasives. Ainsi, une étude rétrospective réalisée aux États-Unis a montré une baisse de 39 % des hospitalisations pour pneumonies chez les enfants de moins de 2 ans entre les périodes prévaccinale (1997-1999) et postvaccinale (2001-2004), une baisse qui atteint 65 % pour les pneumonies à pneumocoques. Une autre étude américaine menée auprès des assurances privées entre 1997 et 2004 a mis en évidence une diminution de 52 % des hospitalisations pour pneumonie dans cette même tranche d'âge et de 57 % pour les pneumonies à pneumocoques. Enfin, l'impact de la vaccination sur les otites a également été constaté, avec une baisse de 43 % des consultations pour OMA et une diminution de 42 % des prescriptions d'antibiotiques pour OMA chez les enfants de moins de 2 ans aux États-Unis. Un effet retrouvé récemment par une enquête menée en France par le réseau Infovac auprès de pédiatres et de généralistes.
À la réduction des infections invasives et non invasives dues aux pneumocoques inclus dans le vaccin et à la diminution du portage nasopharyngé s'ajoute un effet indirect chez les sujets non vaccinés, autrement dit le vaccin ne protège pas seulement les nourrissons vaccinés mais, dans une certaine mesure, les sujets non vaccinés. Le nombre de cas évités par cet effet indirect est deux fois plus important que celui lié à la protection individuelle directe. Enfin, la vaccination généralisée a permis, avec la baisse de la prescription d'antibiotiques, de diminuer les souches résistantes à la pénicilline dans la population générale.
Symposium organisé par les Laboratoires Wyeth dans le cadre du 16e Congrès annuel de l'Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA).
Un rappel à 12 mois
La vaccination comporte trois injections à 2, 3 et 4 mois. Il est essentiel de commencer précocement pour protéger les petits nourrissons qui sont les plus exposés au risque d'infection invasive à pneumocoque, insistent les experts. Le rappel lui aussi doit être pratiqué précocement, entre 12 et 15 mois, comme le stipule le dernier calendrier vaccinal.
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