Classique
Un public des grands soirs lyriques se pressait au Châtelet pour l'événement. Pas forcement le « gratin parisien » des premières d'opéras, plutôt les vrais amateurs dont plus d'un avouait sans snobisme aucun voir l'uvre pour la première fois sur scène, bien que chacun eût son avis sur la question.
Choix de la version, nature du dispositif de mise en espace, respect ou non des dialogues, tous avaient en partie raison et tort, aussi.
Gardiner qui est un farouche partisan de la dernière uvre de Weber, créée à Londres (voir « le Quotidien du Médecin » du 4 mars), a réalisé un hybride tout à fait singulier avec orchestre sur scène (comme il l'avait fait pour « Falstaff » l'an dernier) les chanteurs se déplaçant sur des praticables à l'avant-scène et derrière l'orchestre, parfois dans la salle, et au milieu des musiciens.
La version chantée en anglais avait été (mille fois merci !) considérablement raccourcie, les dialogues réduits grâce à une adaptation habile de Gardiner et du comédien Roger Allam, prix Laurence-Olivier, qui le disait lui-même, à un texte très efficace et humoristique.
La mise en espace réalisée par Gardiner était aussi d'une grande habilité et d'un goût très spécifiquement anglais. Costumes de couleurs dont le secret demeure bien gardé outre-Manche, humour aussi très british, on avait parfois l'impression d'assister à « L'Enlèvement au Sérail », dans une version revue par Gilbert and Sulivan ! Qu'importe, tout était parfaitement clair et l'on n'a pas boudé le plaisir que l'on y a pris !
Musicalement, Gardiner nous a mené au paradis. Les instruments anciens de l'Orchestre Révolutionnaire et Romantique donnent une légèreté à une uvre que l'on tire volontiers vers le wagnérisme, le Monteverdi Choir dont il semble superflu de rappeler l'excellence et les solistes si bien choisis, tous ont fait merveille.
Hillevi Martinpelto, une Fiordiligi quant aux moyens vocaux, était parfaitement à l'aise et superbe de finesse et de beauté du timbre dans un rôle très demandant qu'une Birgit Nilsson n'a pas hésité à aborder au disque. Charles Workman, dont on avait annoncé qu'il chantait malgré un état grippal, était un très vaillant et sensible Chevalier Huon, Steve Davislim et Frances Bourne étaient exquis en Obéron et Puck. Enfin le comédien Roger Allam liait tout ce monde avec un talent indéniable, prenant part aussi à l'action scénique quand cela était nécessaire. Belle réalisation et ce pour trois concerts seulement. Seuls les absents avaient tort !
Châtelet (01.40.28.28.40). Site Internet : www.chatelet-theatre.com. Prochain spectacle lyrique : « Arabella », de R. Strauss, mise en scène Peter Mussbach, direction Christoph von Dohn[135]nyi du 10 au 28 avril.
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