Le Généraliste. Qu'a apporté le plan Alzheimer dans la prise en charge ?
Dr François Bonnevay Incontestablement ce plan a amené le développement des consultations mémoire sur le territoire. En revanche, il pêche toujours par le manque de structures d’hébergement adaptées. Les Pôles d'Activité et de Soins Adaptés (PASA) n'ont pas les moyens suffisants pour fonctionner, les restrictions budgétaires ont entraîné une baisse d'effectifs dans les EHPAD et en ce qui concerne les unités d’hébergement renforcé (UHR), tous les professionnels s'accordent à dire que ces structures doivent être liées à l'hôpital, les EHPAD n'ayant pas les compétences médicales et sanitaires pour prendre en charge les patients présentant de gros troubles du comportement.
En principe, le plan devrait être pérennisé mais actuellement on ne sait ni par qui ni comment. Il est évident que plus de place devrait être laissée aux équipes de terrain qui n'ont pas été assez entendues.
Que peut-on penser de l'utilisation de marqueurs pour un dépistage de la MA ?
Dr F.B. Il existe un total décalage entre la recherche expérimentale comme celle qui consiste à doser des marqueurs dans le LCR et la réalité du quotidien. La notion de dépistage ne peut pas être à l'ordre du jour. Est-il licite de rechercher une maladie avant qu'elle ne s'exprime alors qu'aucun traitement ne peut ni la guérir ni stopper son évolution ? Le diagnostic reste classique et le vrai combat pour la médecine de soins primaires est de faire un diagnostic précoce, de poser un nom sur des difficultés de mémoire et des troubles du comportement afin d'envisager un traitement mais aussi de prévoir, si possible, l'avenir avec le patient : les conditions dans lesquelles il souhaiterait être pris en charge - institution ou non - savoir s'il refuserait une obstination thérapeutique le jour ou elle pourrait être envisagée, la planification du financement, la mise en place à domicile un plan d'aide progressif.
La HAS a jugé que le service médical rendu des médicaments anti-Alzheimer était faible, laissant médecins et patients pour le moins désemparés…
Dr F.B .On sait en effet que les traitements dont nous disposons sont moyennement efficaces, qu'ils agissent sur à peine la moitié des patients lorsqu'ils sont pris au début de la maladie. Ils semblent cependant permettre chez les bons répondeurs de retarder l'évolution de la maladie d’environ deux ans. Mais aujourd’hui, après une période où ils ont été prescrits à tout va avec très peu d'analyses bénéfice/risque et très peu d'alternatives en cas d'échecs, au lieu de rationaliser la démarche thérapeutique, on passe sans transition à la limite du déremboursement, ce qui est tout aussi aberrant. Ces molécules ont des effets secondaires, des risques d'interactions certains qu'il faut évaluer lorsqu'on les prescrit, et il faut aussi savoir les arrêter lorsqu'ils ne sont pas efficaces. Par ailleurs, les autorités de santé essaient de limiter à juste titre le recours aux neuroleptiques ou aux tranquillisants –le méprobamate va être bientôt arrêté- mais on ne peut envisager de se passer des médicaments anti-Alzheimer que si l’on propose une autre forme de prise en charge dans les structures comme les EHPAD… Et à condition qu'elles aient les moyens humains de gérer les difficultés psycho-comportementales.
De nouvelles thérapeutiques à l'horizon ?
On avait des médicaments pratiquement en fin d’expérimentation comme la latrepiridine (ou Dimebon), ou des recherches sur la vaccination qui avaient laissé espérer de disposer de nouvelles thérapies dans les années à venir. Mais, selon les résultats des dernières études, rien ne semble devoir déboucher dans un futur proche.
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