« Les Conséquences de l'amour », de Paolo Sorrentino

Un homme trop ordonné

Publié le 16/05/2004

Article réservé aux abonnés

1276189369F_Img173618.jpg

1276189369F_Img173615.jpg

UN HOMME SOLITAIRE, quelque part en Suisse. Il vit à l'hôtel, toujours impeccablement vêtu, fume en silence sans se mêler aux autres clients, à l'exception de parties de cartes avec un vieux couple qui a connu des jours meilleurs. Qui est cet homme dont nous ne saurons d'abord que le nom, Titta Di Girolamo ? Il n'a pas d'imagination, nous dit-il, il fait partie de « la secte des insomniaques » et il se drogue une fois par semaine, toujours à la même heure.
C'est alors qu'il séjournait dans un cinq étoiles au Brésil que Paolo Sorrentino a eu l'idée de ce film qui reste longtemps énigmatique. « Que font tous ces hommes d'affaires dans les hôtels des quatre coins du monde ? A quoi pensent-ils durant ces silences infinis, égarés dans des bars faussement accueillants et pourtant hostiles ? » La réponse originale qu'il apporte est née d'un autre désir, celui de montrer comment « le roi des désordonnés », l'amour, peut perturber un homme trop ordonné, dans un hôtel qui ne peut être qu'ordonné, comme la Suisse est ordonnée, comme l'entité pour laquelle il travaille est ordonnée.
Paolo Sorrentino est né en Sicile il y a 34 ans. « Conséquences de l'amour » est son deuxième film après « l'Homme en plus », en compétition à Venise en 2001 et primé dans plusieurs festivals. La façon dont il maintient l'énigme, en séquences sèches, est impressionnante, comme l'est son acteur principal, Toni Servillo, comédien et metteur en scène qui a beaucoup travaillé pour le théâtre.
Il faudrait aller voir ce film (la date de sortie n'est pas encore déterminée) sans en connaître la clef. Pour se poser les questions de la jolie serveuse du bar de l'hôtel (Olivia Magnani) et découvrir comment on peut sur des motifs anciens broder un récit nouveau.

> R. C.