UNE ÉQUIPE de recherche de l'université de Caen, dirigée par le Pr Séralini, annonce des résultats inquiétants. Le Roundup, l'herbicide le plus utilisé au monde, aurait un effet toxique important sur les cellules embryonnaires. Son composant actif, le glyphosate, exercerait un effet délétère sur les fonctions hormonales en perturbant la synthèse d'estrogène. Ce phénomène pourrait expliquer des fausses couches, des accouchements prématurés et des naissances d'enfants présentant des malformations sexuelles observés chez les couples d'agriculteurs. Les effets nocifs de l'herbicide se manifestent en effet à l'issue de courtes expositions à des doses bien inférieures à celles recommandées par le fabricant du produit chimique ( i.e. 1 à 2 %).
Le Roundup est considéré comme un des herbicides les moins dangereux pour l'environnement, et c'est l'une des raisons pour lesquelles il est très largement utilisé partout sur la planète. Cependant, diverses études ont suggéré qu'il pouvait être dangereux pour l'homme, en particulier en perturbant ses fonctions reproductrices.
En 2005, l'équipe du Pr Séralini avait étudié l'effet de l'herbicide sur des cellules placentaires humaines en culture. Ces travaux avaient révélé l'existence d'une toxicité du produit chimique ainsi que sa capacité à inhiber la synthèse d'estrogène à des doses non toxiques.
L'équipe normande a poursuivi ses recherches en évaluant l'impact du Roundup sur des cellules embryonnaires humaines. Les chercheurs ont comparé sa toxicité à celle du glyphosate seul, sans adjuvant, à dose et pH équivalents.
0,3 % d'herbicide provoque la mort de 50 % des cellules.
Au cours de ces expériences, il est apparu qu'un milieu de culture contenant seulement 0,3 % d'herbicide suffit à provoquer la mort de 50 % des cellules en une heure. La toxicité du produit sur les cellules embryonnaires est donc de deux à quatre fois plus importante que celle qui avait été mesurée sur les cellules placentaires. L'expérience a, en outre, révélé que l'herbicide complet est plus toxique que le composé actif seul. Les adjuvants utilisés pour faciliter le passage du glyphosate au travers des membranes plasmiques, améliorer sa stabilité et potentialiser son activité augmentent également sa toxicité sur les cellules embryonnaires humaines.
Par ailleurs, les chercheurs ont pu démontré que le glyphosate inhibe les aromatases à des doses inférieures aux doses toxiques. La fonction des aromatases étant considérée comme un facteur limitant dans la synthèse estrogénique, ce résultat implique que l'exposition à des quantités non toxiques de glyphosate ou de Roundup entraîne des perturbations hormonales importantes. In vitro, l'exposition de cellules à un milieu contenant 0,01 % de Roundup pendant 24 heures provoque une diminution de 19 % de la production d'estrogène.
N. Benachour et coll., « Archives of Environmental Contamination and Toxicology », édition en ligne avancée, à paraître dans le numéro de juillet.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature