Non le gouvernement n’est pas indifférent à la sécurité des professionnels de santé. C’est en substance ce que Stéphane Bouillon a répondu à Michel Chassang dans un récent courrier. Le directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur avait été sollicité fin novembre par le président de la CSMF qui s’alarmait des chiffres toujours trop élevés de médecins agressés et redoutait le surplace après la signature en avril 2011 d’un protocole sur la sécurité entre le ministère de l’Intérieur et sept professions de santé dont les médecins.
Selon le bras droit de Claude Guéant, ce protocole « a été adressé à l’ensemble des préfets au début du mois de juin.» Et des réunions auraient eu lieu ensuite en préfecture pour établir un diagnostic de la situation locale. Dans les départements les plus sensibles, le protocole national sera décliné au sein de protocoles départementaux. Ce sera le cas dans une vingtaine de départements, selon la Place Beauvau ; l’Eure, la Haute Savoie, la Moselle, le Bas-Rhin et tout récemment le Val-de-Marne ayant donné l’exemple.
Le ministère de l’Intérieur estime qu’il « est encore trop tôt pour dresser un bilan des mesures engagées qui devront être appréciées à l’aune du nombre et de la typologie des atteintes enregistrées en 2011.» Mais déjà, Stéphane Bouillon évoque certaines mesures mises en place sur le terrain : boitiers individuels d’alerte en Seine-St-Denis, numéro d’appel dédié dans le Val-de-Marne, utilisation du réseau « Tweeter » pour faire circuler l’information...
12 pages de conseils
Par ailleurs, un guide pratique (cliquez ici pour télécharger le document) vient d’être élaboré à destination des blouses blanches et est en cours de diffusion. Ce document d’une douzaine de pages aide le professionnel à faire lui-même un diagnostic sécurité de son cabinet et donne des conseils de sécurisation de son installation (serrures spécifiques, blindage, caméras vidéos...). Le guide propose ensuite une check-list des attitudes, comportements ou dispositions à adopter pour renforcer sa sécurité. Il délivre certains conseils techniques ou de bons sens, notamment au moment de l’ouverture ou de la fermeture du cabinet ou lors des visites dans les quartiers sensibles : prérégler le numéro 17 sur son portable, convenir d’un code avec le régulateur de la garde encas de coup dur, ne jamais coller le véhicule qui précède pour pouvoir manœuvrer facilement, s’équiper d’un dispositif de géolocalisation relié à une centrale de télésurveillance, se faire accueillir au pied de l’immeuble par un membre de la famille, etc.
Dans certains cas, les mesures préconisées semblent plus difficiles à mettre en œuvre, comme par exemple quand on suggère au médecin de se faire accompagner par un ambulancier ou un infirmier pour la visite chez un malade dépressif... Enfin, certains conseils un rien candides pourront paraitre superflus voire agaçants : « Faîtes preuve, vis-à-vis du patient, de toute l’empathie nécessaire, mais évitez toute conversation qui vous éloignerait du motif de votre visite,» conseille benoîtement le ministère de l’Intérieur. « Donnez au patient toutes les informations utiles, dans un langage qui lui soit compréhensible,» poursuit, appliquée, sa brochure... La dernière partie du guide apporte enfin des informations sur la conduite à tenir en cas d’agression et incite les blouses blanches à porter plainte, le cas échéant.
Droit de retrait...
Claude Guéant devrait faire le point sur le dispositif sécurité des médecins à la fin du premier trimestre 2012 avec l’ensemble des représentants des professions de santé. Mais pour la CSMF, le temps presse. Car le syndicat n’est franchement convaincu par les assurances du ministère de l’Intérieur. « Malheureusement, nous ne constatons aucune amélioration visible sur ce dossier, comme en atteste, l'agression à l’arme blanche dont a été victime l’une de nos consoeurs à son cabinet, dans le Calvados, le 21 décembre, » rappelle Michel Chassang, qui vient de nouveau d’écrire au ministre de l’Intérieur. «Les retours des syndicats départementaux de la CSMF montrent que très peu de contacts ont été pris avec eux sur ce sujet par les autorités préfectorales ou les ARS,» relève notamment le Président de la CSMF, qui ne partage décidemment pas l’optimisme de la Place Beauvau. A la Conf’, on estime que face « à la mise en danger de la vie des praticiens», il y a désormais urgence. Et, comme en novembre, le syndicat menace de nouveau d’appeler les médecins libéraux « à exercer leur droit de retrait. »
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