C'EST A TROYES, où ils ont rencontré des magistrats spécialisés et des associations et visité un foyer pour femmes battues, que les ministres de la Justice et de la Parité et de l'Egalité professionnelle ont lancé le « Guide de l'action publique » pour lutter contre les violences conjugales. Dominique Perben et Nicole Ameline appellent à la mobilisation contre les violences conjugales, « un archaïsme qu'il faut éradiquer » et qui toucherait une femme sur dix.
Le guide de 165 pages, destiné aux policiers, magistrats ou éducateurs, recommande par exemple l'éviction du conjoint violent plutôt que de sa victime ou des sanctions plus efficaces. « Les femmes victimes de violences portent très rarement plainte et c'est notre grande question : comment les sortir de la honte ou du chantage à l'abandon qu'exercent sur elles leurs conjoints violents ? », a demandé Dominique Perben, donnant le chiffre de 6 à 8 % de plaintes par rapport aux violences.
Trop souvent, policiers ou gendarmes se contentent d'une simple main courante, estimant qu'il s'agit de différends familiaux. Le guide juge « particulièrement important que les forces de l'ordre interviennent systématiquement et sans délai, quelle que soit la gravité apparente des faits signalés par téléphone ».
Analysant les raisons décourageant les femmes de porter plainte - espoir de modifier le comportement du conjoint, crainte de briser l'unité familiale, honte ou ignorance -, le guide recommande de multiplier les informations envers la victime pour l'inciter à lancer une procédure. En outre, il demande la désignation, dans chaque parquet, d'un magistrat spécialisé dans ces questions, tout en préconisant une formation accrue des policiers et gendarmes.
Un protocole médical.
Autre moment délicat : la consultation médicale permettant de déceler les violences conjugales. « Le praticien est souvent très ennuyé parce qu'il s'agit très souvent du médecin traitant toute la famille. Il peut donc vouloir minimiser les faits ou attendre que les choses se passent. Or le temps en la matière est facteur de risque, lorsque l'on sait notamment qu'il faut en moyenne sept ans à une femme victime pour porter plainte », explique le Dr Patrick Chariot.
« Les violences psychiques ne sont pas suffisamment prises en compte. On se contente souvent de compter les bleus alors que la violence peut prendre d'autres formes », regrette Nicole Ameline.
Pour répondre à ces questions, le guide préconise la mise en place de structures spécialisées, avec des médecins formés qui suivent un protocole propre aux violences conjugales.
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