O N sait que le diabète de type 1, d'origine multifactoriel (à la fois génétique et environnemental), résulte d'une destruction auto-immune des cellules bêta du pancréas qui sécrètent l'insuline. Le diabète survient lorsque les réserves d'insuline, s'amenuisant progressivement, ne suffisent plus à maintenir le taux de glucose sanguin dans les limites de la normale.
Déficit en cellules T tueuses
Il existe, chez les individus prédisposés au diabète de type 1, ainsi que chez la souris diabétique non obèse (NOD), un déficit des cellules NKT, autant numérique que fonctionnel (baisse de production d'interleukine 4). Ce déficit NKT pourrait favoriser la survenue du diabète puisque ces cellules ont une activité immunorégulatrice.
Une équipe internationale, aidée par le Pr Jean-François Bach (hôpital Necker, Paris), s'est demandé si la stimulation de la fonction NKT ne pourrait pas prévenir la survenue du diabète type 1, ainsi que sa récurrence après la transplantation d'îlots pancréatiques.
Pour stimuler la fonction NKT, un composé est disponible : l'alpha-galactosylcéramide (alpha-GalCer), un glycolipide synthétique qui se fixe aux récepteurs CD1d sur les cellules NKT et stimule leur production de cytokines.
Après l'apparition de l'insulite
Les chercheurs ont donc testé cet agent alpha-GalCer chez la souris NOD (Non Obese Diabetic). Lorsque les souris NOD sont traitées par l'alpha-GalCer à partir de l'âge de 3 semaines, c'est-à-dire après l'apparition de l'insulite, elles ont trois fois moins de chances d'avoir développé le diabète à l'âge de 30 semaines et la survenue du diabète est plus tardive (de 5 à 8 semaines). L'administration d'IL7, ont observé les chercheurs, accentue l'efficacité de l'alpha-GalCer. L'IL7 rend probablement les cellules NKT NOD pleinement sensibles à l'alpha-GalCer en restaurant leur maturation normale.
Enfin, lorsque les souris NOD reçoivent des greffes d'îlots pancréatiques, le traitement par alpha-GalCer protège la survie de ces îlots (échec des greffes chez 90 % des souris témoins huit jours après la greffe et chez moins de 20 % des souris vingt-deux semaines après la greffe).
Les chercheurs ont constaté que la protection contre le diabète offerte par l'alpha-GalCer est associée à une suppression de l'auto-immunité des cellules T et B envers les cellules bêta, et à une réponse polarisée de type Th-2 dans la rate et le pancréas de ces souris.
Pas de toxicité sérieuse chez l'homme
L'alpha-GalCer, que l'on sait dénué de toxicité sérieuse chez l'homme, pourrait donc offrir des bénéfices cliniques dans le diabète de type 1.
Ce traitement, proposent les chercheurs, seul ou en association avec l'IL7, « pourrait apparaître utile pour bloquer le développement du diabète à un stade précoce (prédiabétique ou diabétique imminent), et, à un stade tardif, pourrait constituer un traitement d'entretien après que l'insulite a été éliminée par d'autres traitements comme l'anti-CD3 ».
Ils ajoutent qu'il « pourrait être bénéfique chez les diabétiques receveurs de greffes d'îlots en réduisant la réponse auto-immune récurrente ».
Seokmann Hong (Nashville, Tennessee) et coll. « Nature Medicine », septembre 2001, p. 1057.
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