ON CONNAÎT le formidable génie d’assimilation dont fit preuve Picasso vis-à-vis des uvres des maîtres du passé, de Manet à Velasquez en passant par Ingres. Dans le Panthéon de Picasso, Cézanne, son « seul et unique maître », comme il l’appelait, trône en majesté. Le peintre catalan arrive à Paris en 1900 et découvre le « père de l’art moderne », qui ne cessera dès lors de l’inspirer et de l’influencer. La mort de Cézanne en 1906 renforce le sentiment d’admiration de Picasso qui succombe, comme beaucoup d’autres peintres de l’époque, au « Cézannisme ».
Du peintre aixois, Picasso admira l’équilibre des compositions, leur sérénité, leur harmonie, mais aussi sa manière classique teintée de modernisme et le subtil mélange de tradition picturale occidentale et d’art primitif et géométrisé. L’Espagnol apprit sur le bout des doigts la leçon du Provençal pour en tirer de nouvelles techniques et trouver des directions plastiques inédites. Il observa scrupuleusement les jeux d’horizontales et de verticales de Cézanne, sa manière de représenter les masses, les formes, les volumes imbriqués les uns dans les autres, selon différents points de vue. À la veille des années 1910, on parle de « cubisme cézannien » pour qualifier certaines uvres picassiennes.
Quelques thèmes et motifs chers à Cézanne furent souvent repris par Picasso : les Baigneuses, où les « courbes des femmes se marient aux épaules des collines », les natures mortes faites de compotiers blancs et de fruits disposés sur une table, les fumeurs, les Arlequins, les femmes au fauteuil… Le peintre de Malaga possédait d’ailleurs dans sa collection d’art des uvres de Cézanne qu’il ne cessa jamais de contempler (« Vue de l’Estaque », « Château noir »…).
Et même dans l’attachement à cette Provence que célébra superbement Cézanne, Picasso fit preuve de mimétisme. Il s’installa (de 1959 à 1961) non loin de la Sainte-Victoire, au château de Vauvenargues, dominé par la montagne, et y peignit de nombreux chefs-d’uvre (comme ceux de la série des portraits de Jacqueline ou du buffet Henri II)*.
Ces deux artistes puissants, si forte que fut leur personnalité respective, semblent rétrospectivement liés par un génie commun.
Musée Granet., tél. 04.42.52.88.32. Jusqu’au 27 septembre.
* Le château de Vauvenargues, où Picasso repose désormais en compagnie de son épouse Jacqueline, sera sous certaines conditions exceptionnellement accessible au public pendant la durée de l’exposition (Office du tourisme d’Aix-en-Provence., tél. 04.42.16.10.91, www.aixenprovencetourism.com).
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