DE NOTRE CORRESPONDANTE
L'ÊTRE HUMAIN est une source d'énergie riche, renouvelable, gratuite, non polluante et de durée de vie élevée. Exploiter l'énergie mécanique des mouvements humains pour générer de l'électricité afin d'alimenter des appareils n'est pas une idée nouvelle. Les dynamos des bicyclettes puisent leur énergie sur le pédalage. Des lampes de poche et, plus récemment, des chargeurs de téléphones mobiles fonctionnent sur générateur activé manuellement. Mais l'idéal serait de récupérer l'énergie d'un mouvement naturel quotidien, comme la marche. Cette voie de recherche s'est tout d'abord révélée décevante. Les dispositifs placés dans la semelle de chaussure ne génèrent que peu d'énergie (0,8 W). Les sacs à dos exploitant les oscillations verticales d'une charge de 38 kg produisent davantage d'énergie (7,4 W), mais sont bien lourds. L'équipe dirigée par le Dr J. Max Donelan (Simon Fraser University, Burnaby, Canada) a trouvé une autre solution, prometteuse : une genouillère équipée d'un moteur et d'un système d'embrayage simple, qui génère de l'électricité à partir du mouvement de l'articulation du genou.
Positionné sur le genou, l'appareil, qui pèse environ 1,5 kg, récupère l'énergie mécanique de la fin du pas lorsque l'on marche, de la même manière que les voitures hybrides récupèrent de l'énergie électrique lors du freinage.
«La marche est très semblable à la conduite avec arrêt et démarrage: à chaque enjambée, les muscles font accélérer et décélérer le corps, explique le Dr Donelan. Pour aider les muscles du poplité à ralentir le mouvement du genou, le dispositif utilise des détecteurs et un système de contrôle en temps réel afin d'activer la génération d'électricité seulement à la fin de la phase du mouvement du pas, juste avant que le pied ne touche le sol.» Avantage non négligeable : l'appareil «produit une énergie importante sans augmenter l'effort requis pour marcher».
Des applications médicales.
Le dispositif a été testé sur six volontaires, qui, avec les deux genoux équipés, ont pu produire 5 W d'électricité. De quoi faire fonctionner 10 téléphones mobiles en même temps ou 2 ordinateurs dans les pays en développement.
«Etant donné la production importante d'électricité sans grand effort supplémentaire, cette méthode conviendrait tout à fait pour recharger les prothèses de membres et les appareils médicaux portables», indiquent les chercheurs. «Un récupérateur d'énergie pourrait être implanté à coté d'un dispositif médical implantable (neurostimulateur ou pompe médicamenteuse), peut-être en parallèle avec un muscle, et utiliser le freinage régénérateur pour procurer indéfiniment une énergie substantielle», ajoutent-ils.
Donelan et coll. « Science », 8 février 2008, p. 807.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature