LE Dr GUY BARBERET, généraliste belfortin, « ne doit qu'à sa stature de grand gaillard, encore assez costaud », de s'être sorti d'une consultation pour le moins violente, qui l'a opposé à l'un de ses patients, toxicomane, adepte du « nomadisme médical », rapporte au « Quotidien » son confrère Gilles Jeanblanc, conseiller ordinal. Pour autant, ce père de famille de 56 ans n'avait toujours pas repris son activité médicale une semaine plus tard.
Le 25 novembre, au matin, le Dr Guy Barberet reçoit à son cabinet un toxicomane qu'il suit de façon irrégulière. Depuis un an et demi, l'homme en a fait son médecin traitant. La consultation donne l'occasion à l'omnipraticien de lui faire lire une lettre de la caisse primaire d'assurance-maladie de Belfort qu'il vient de recevoir. Il y est question du « nomadisme médical » auquel se livre le jeune homme pour se procurer ses doses de codéine. Pour la Cpam, il appartient au praticien de régler le problème, en avertissant le patient qu'il sera dorénavant moins ou plus du tout remboursé s'il ne change pas de comportement. Sans doute irrité par la mise en garde, le toxicomane a alors eu une crise d'agitation ou d'épilepsie, « difficile à cerner », explique le Dr Gilles Jeanblanc. Toujours est-il que le Dr Guy Barberet appelle le Smur. « Dans l'intervalle, le malade se remet de sa crise », simulée ou non, et se montre agressif verbalement puis physiquement. Les deux hommes en viennent aux mains, l'un comme attaquant, l'autre pour se défendre. Le Service médical d'urgence belfortin une fois sur place, quelques minutes plus tard, met fin à l'empoignade. Maîtrisé, le toxicomane est hospitalisé. Quant au médecin, « qui souffre de douleurs dorsales et lombaires », il reste sous le choc. Un remplaçant est en poste à son cabinet.
Quelle aurait été l'issue du combat « si cela était arrivé à sa consœur installée sur le même palier ?», s'interroge le conseiller ordinal. Il y a quelques années, le Dr Guy Barberet avait été déjà agressé.
Des agressions sous-évaluées.
« Nous ne savons pas tout ce qui se passe dans les cabinets du territoire de Belfort et lors des visites. Les déclarations de violences, tant verbales que physiques, sont sous-évaluées », estime le Dr Jeanblanc. « Guy Barberet qui, pourtant, est un syndicaliste au courant des diverses procédures à suivre, n'a même pas encore signalé à l'Ordre son agression. Les médecins sont les rares ou les seules personnes exerçant une profession de service public à sortir la nuit sans assistance, alors que les policiers, les pompiers, les ambulanciers ou les agents d'EDF-GDF vont par deux au moins », relève-t-il en tant que membre, avec le Dr Guy Barberet, de l'Association des médecins de garde de Belfort. « On en a tellement fait dans la société pour le "tout est dû". Le médecin n'a que des devoirs ! », s'emporte un autre membre de l'Ordre départemental du Territoire de Belfort. Que penser de la politique de l'assurance-maladie face au « nomadisme médical » ? « On prend des mesures qui n'en sont pas. » Ne serait-il pas plus logique et efficace de convoquer le patient-nomade devant une commission ad hoc et ne pas demander aux praticiens de rétablir l'ordre ?
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