UNE EQUIPE Inserm de l'institut Curie montre que, lorsque le gène JUN est muté – d'où une perte des capacités cellulaires à fabriquer des graisses –, le pronostic des liposarcomes est défavorable. Une découverte qui pourrait permettre d'affiner le diagnostic et de mieux adapter le traitement. Comme le rappelle un communiqué de l'Inserm et de l'institut Curie, les liposarcomes sont des tumeurs des tissus graisseux. Leur pronostic est très variable : certains sont faciles à soigner, tandis que d'autres sont beaucoup plus agressifs et envahissent les tissus voisins. Pourquoi cette différence ?
A l'institut Curie, l'équipe d'Alain Aurias (unité Inserm 830, dirigée par Olivier Delattre) étudie le développement des liposarcomes. Les travaux de cette équipe ont permis de comprendre le caractère agressif de ces tumeurs. Tant que les cellules tumorales conservent leur capacité à fabriquer des graisses, elles prolifèrent peu et sont de bon pronostic. En revanche, lorsqu'elles ont perdu cette faculté, les tumeurs deviennent très agressives. A quoi est due cette défaillance cellulaire ? Les chercheurs ont identifié le gène en cause : ils montrent en effet l'implication directe du gène JUN. Jusqu'à présent, explique le communiqué, seuls deux gènes étaient connus dans le développement de ces sarcomes : le gène MDM2, qui a un effet antiapoptose, et le gène CDK4, qui active la division cellulaire. Avec JUN, c'est donc un troisième gène que viennent de mettre en évidence les chercheurs de l'institut Curie. Lorsque JUN est muté, les tumeurs sont plus agressives.
A l'avenir, la recherche de mutations du gène JUN pourrait s'intégrer dans le diagnostic de façon à identifier précocement les patients ayant une forme agressive de liposarcome et, ainsi, adapter le traitement ; les patients dont la tumeur est de bon pronostic pourraient bénéficier d'une désescalade thérapeutique et éviter certains traitements lourds et inutiles.
Les chercheurs tentent d'identifier une molécule susceptible d'agir sur les mutations de JUN et, éventuellement, de rétablir son fonctionnement normal.
Odette Mariani, Caroline Brennetot, Jean-Michel Coindre, Nadège Gruel, Carine Ganem, Olivier Delattre, Marc-Henri Stern et Alain Aurias. « Cancer Cell », 9 avril 2007.
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