Ce que les Anglo-Saxons appellent « lésion pulmonaire aiguë » (ALI pour Acute Lung Injury) correspond en fait à une atteinte pulmonaire un peu moins grave que le syndrome de détresse respiratoire aiguë en ce qui concerne le rapport PaO2/FiO2 (< 200 dans le SDRA et compris entre 200 et 300 dans l’ALI).
L’ALI peut survenir après pneumonie, sepsis, traumatisme ou transplantation pulmonaire. On connaît la responsabilité, dans la genèse de ce trouble, d’un afflux de neutrophiles.
L’équipe de Gelman montre chez la souris que le gène bcl3 est essentiel dans le contrôle de la production médullaire de neutrophiles sous des conditions de stress.
À l’origine de ce travail, les auteurs ont voulu comprendre pourquoi un poumon transplanté peut présenter des lésions aiguës quelques heures après l’intervention. Phénomène qui ne se voit pas avec d’autres organes transplantés. Quel signal le poumon envoie-t-il à la moelle et pourquoi celle-ci produit-elle autant de neutrophiles ?
Pour tenter de répondre à cette question, les auteurs ont réalisé des transplantations pulmonaires chez des souris. Il apparaît qu’en réponse à un stress pulmonaire aigu, il se produit une accumulation dans le sang de G-CSF (Granulocyte Colony Stimulating Factor), qui induit la production de neutrophiles par la moelle. Les chercheurs montrent également qu’il existe dans la moelle un garde-fou : le gène bcl3, qui inhibe la production de neutrophiles. En effet, des souris dépourvues de bcl3 produisent quatre fois plus de neutrophiles que les autres.
Le bcl3 régule donc bien les effets du G-CSF sur la production de neutrophiles. Mais on ne peut pas empêcher tout afflux de neutrophiles dans les poumons : ils sont nécessaires pour lutter contre les infections. En revanche, les auteurs montrent qu’on pourrait éviter l’ALI chez les souris déficientes en bcl3 en bloquant le G-CSF (cela à la fois dans le modèle de la transplantation et dans le modèle du sepsis). Cela réduit le nombre de neutrophiles qui entrent dans les poumons ; d’autres cytokines (GM-CSF, IL3) continuent à stimuler la production de neutrophiles mais pas au point de provoquer un ALI.
« Journal of Clinical Investigation », janvier 2011.
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