DE NOTRE CORRESPONDANTE
«C'EST LE PREMIER variant génétique commun qui semble avoir un effet aussi net sur le poids adulte et sur le risque d'obésité», indique au « Quotidien » le Pr Mark McCarthy, de l'université d'Oxford. «Même s'il nous reste à mieux comprendre le rôle que joue le gène FTO dans l'obésité, nos résultats sont pour nous une source de grande excitation, indique-t-il dans un communiqué. En identifiant ce lien génétique, il devrait être possible de comprendre pourquoi certaines personnes sont plus obèses, avec toutes les implications associées, comme le risque accru de diabète et de maladie cardiaque.»
«Nous mangeons davantage, mais faisons moins d'exercice. Aussi, le poids moyen de la population est en hausse, mais certaines personnes semblent prendre davantage de poids que d'autres, explique pour sa part le Pr Andrew Hattersley, de la Peninsula Medical School (Exeter, Royaume-Uni). Nos résultats apportent une réponse possible à la question de savoir pourquoi un individu qui mange autant que son voisin et qui a la même activité physique est plus gros que lui. Une partie de l'obésité est clairement génétique. » Il y a une crise de l'obésité dans le monde entier. Aux Etats-Unis, la prévalence du surpoids (IMC ≥ 25 kg/m2) est de deux personnes sur trois, et une personne sur trois est obèse (IMC ≥ 30 kg/ m2). Pour la santé, les conséquences sont graves, l'obésité étant un facteur de risque majeur pour le diabète de type 2, les maladies cardio-vasculaires et certains cancers.
Si l'environnement (apport alimentaire et activité physique) constitue un déterminant majeur de l'obésité, des facteurs génétiques jouent un rôle important dans le risque de devenir obèse face à un environnement particulier.
Toutefois, on n'a pas encore identifié de variation génétique commune pour laquelle il existe une solide preuve d'association avec l'obésité (polygénique) dans la population générale.
Les formes monogéniques d'obésité représentent à ce jour environ 7 % des cas d'obésité précoce sévère chez l'enfant, mais ces mutations sont rares dans la population générale.
Une étude sur le diabète.
C'est dire l'intérêt de la nouvelle étude, principalement britannique, qui a permis de découvrir un variant génétique commun évidemment associé au poids et à l'obésité.
A l'origine de ce travail dont l'objectif était de rechercher des gènes de susceptibilité pour le diabète de type 2, les chercheurs ont comparé le génome de 2 000 diabétiques et de 3 000 témoins (dans le cadre du Welcome Trust Case Control Consortium).
Cette étude a permis de découvrir qu'un variant commun du gène FTO (chromosome 16) prédispose au diabète de type 2, avec une augmentation de l'indice de masse corporelle (IMC).
Les chercheurs ont alors cherché à savoir comment ce variant du gène FTO est associé à l'IMC dans 11 cohortes d'adultes européens (20 000 participants) et 2 cohortes d'enfants européens (10 000 participants).
Dès l'âge de 7 ans.
Une métaanalyse montre que les 16 % d'adultes qui sont homozygotes pour le variant du gène FTO (1 personne sur 6) pèsent 3 kg de plus que les 40 % d'adultes qui n'ont pas hérité de ce variant à risque, et que leur risque d'obésité est accru de 67 %.
Alors que le variant du gène FTO n'est pas associé à un poids différent à la naissance, il est associé à une augmentation de l'IMC et à un risque accru d'obésité chez l'enfant dès l'âge de 7 ans et à tout âge après.
Cette association est attribuée à une augmentation de la masse adipeuse (augmentation du tour de taille et de la graisse sous-cutanée).
A cause de son effet sur l'IMC, une copie du variant FTO (hétérozygotie) augmente de 25 % le risque de développer un diabète de type 2, tandis que deux copies (homozygotie) augmentent ce risque de 50 %.
L'équipe ignore encore la fonction du gène FTO. Le gène est exprimé dans tous les tissus, avec un niveau d'expression plus élevé dans le cerveau et les îlots pancréatiques.
«C'est un travail passionnant qui illustre pourquoi il était si important de séquencer le génome humain, estime dans un communiqué le Dr Mark Walport, directeur de Welcome Trust, la plus grande institution caritative de recherche médicale au Royaume-Uni. La découverte d'un gène qui influence le développement de l'obésité dans la population générale procure un nouvel outil pour comprendre pourquoi certaines personnes semblent gagner plus facilement du poids que d'autres. »
Frayling et coll. « Sciencexpress », 12 avril 2007.
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