de notre correspondante
LA RÉTINITE PIGMENTAIRE est une maladie génétique dégénérative de l'oeil qui touche les cellules photoréceptrices de la rétine.
Elle peut débuter à n'importe quel âge, mais survient le plus souvent entre 10 et 30 ans. Elle se manifeste d'abord par une perte de la vision nocturne, suivie d'un rétrécissement du champ visuel (vision en tunnel) et évolue généralement vers la cécité, survenant souvent vers l'âge de 40 ans.
L'hétérogénéité de cette maladie est considérable, avec des formes transmises de façon autosomique dominante (de 15 à 20 % des cas), autosomique récessive (de 20 à 25 %), ou liées au chromosome X (de 10 à 15 %). Enfin, certaines sont également liées à des mutations de l'ADN mitochondrial.
Un locus majeur (RP5).
À ce jour, vingt-six loci génétiques ont été impliqués dans la rétinite pigmentaire autosomique récessive. Mais chacun de ces loci n'est responsable que d'un petit nombre de cas (de 1 à 5 %), à l'exception d'un locus majeur (RP5) sur le chromosome 6 (6p12-q15) qui semble être impliqué dans de nombreuses familles et diverses populations.
Une équipe de chercheurs, dirigée par le Pr Shomi Bhattacharya (institut d'ophthalmologie de Londres et INSERM U592 à Paris), a cherché à identifier ce gène majeur de la rétinite pigmentaire sur le chromosome 6.
Dans un premier temps, ils ont affiné l'intervalle chromosomique lié à la maladie, grâce à l'étude de familles supplémentaires. Puis, ayant conduit un dépistage à haut débit des délétions, ils ont découvert un clone délété chez tous les membres atteints d'une famille. Cette délétion incluait six gènes qui ont fait l'objet d'une recherche de mutations dans dix familles espagnoles. Enfin, grâce à une approche de clonage positionnel, combinée à une approche de génomique comparative, ils ont pu identifier le gène causal, jusqu'ici inconnu.
La protéine prédite encodée par ce gène est une protéine à multidomaines qui ressemble à la protéine spam de la drosophile, encodée par le gène eys (eyes shut). En conséquence, le gène humain RP5 a été dénommé EYS (encodant la protéine SPAM).
Six mutations indépendantes dans cinq familles.
Ils ont identifié, dans le gène EYS, six mutations indépendantes (entraînant un codon stop prématuré) chez cinq familles aux origines ethniques différentes.
Cela fait du gène EYS «le premier gène majeur décrit dans la rétinite pigmentaire autosomique récessive», soulignent les chercheurs.
C'est aussi, avec quarante-trois exons couvrant deux mégabases, le plus grand gène connu exprimé dans l'oeil humain, ainsi que le cinquième plus grand gène du génome humain.
De façon curieuse, le gène EYS est altéré ou absent dans quatre autres lignées de mammifères, dont les rongeurs, les ruminants et une chauve-souris. Il est, en revanche, bien conservé de la mouche drosophile à l'homme.
Si la fonction de la protéine SPAM chez l'homme est similaire à celle de l'insecte, elle pourrait contribuer à maintenir l'intégrité des cellules photoréceptrices dans la rétine humaine.
« Nature Genetics », 5 octobre 2008, El-Aziz et coll., DOI : 10.1038/ng.241.
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