De notre correspondante
à New York
GENERALEMENT diagnostiquée peu après la naissance, la porencéphalie est une maladie neurologique rare caractérisée par des lésions de la substance blanche et des cavités dégénératrices dans le cerveau. Ses manifestations cliniques sont variables. Elles incluent épilepsies, retard mental, hémiplégie, voire décès, dans les formes sévères.
On a suggéré que ces cavités porencéphaliques sont provoquées par une dégénérescence cérébrale focale liée à des hémorragies.
La plupart des cas de porencéphalie sont sporadiques. Cependant, des cas de récurrence familiale ont été rapportés, suggérant l'implication de facteurs génétiques. Jusqu'ici, aucun gène impliqué dans la porencéphalie familiale n'avait encore été localisé.
Voilà qui est fait : une équipe internationale dirigée par le Dr Simon John (The Jackson Laboratory, Bal Harbor, Maine) a identifié un gène lié à la maladie.
Une souris mutante par mutagenèse aléatoire.
Le point de départ de ce nouveau travail est l'identification d'une nouvelle souris mutante (générée par mutagenèse aléatoire) qui développe une hémorragie cérébrale sévère après la naissance et une porencéphalie qui est secondaire à des ruptures focales des membranes basales vasculaires. La moitié des souriceaux décèdent par hémorragie cérébrale dans la journée qui suit la naissance et 18 % des souriceaux survivants développent une porencéphalie.
Le collagène de type IV alpha 1.
Les chercheurs ont découvert que ces anomalies vasculaires sont causées par une mutation semi-dominante dans le gène du procollagène de type IV alpha 1 (Col4a1) chez les souris. Ce gène contrôle la production du collagène de type IV alpha 1 dans les membranes basales des tissus, y compris dans la membrane basale qui entoure les vaisseaux sanguins.
Ainsi, selon l'équipe, la mutation inhiberait la sécrétion du collagène de type IV dans la membrane basale des vaisseaux, les rendant plus fragiles. De plus, les protéines mutantes non sécrétées s'accumuleraient dans les cellules endothéliales, ce qui pourrait les endommager. La combinaison de ces deux anomalies prédisposerait à l'hémorragie.
Deux familles ont été étudiées.
Dans un second temps, les chercheurs ont cherché à savoir si des mutations du gène COL4A1 humain (chromosome 13q34) peuvent également être en cause dans la porencéphalie familiale. Dans les deux familles étudiées, des mutations de ce gène sont liées à la survenue de porencéphalie, alors que ces mutations sont absentes chez plusieurs centaines de sujets témoins de la même région (Pays-Bas et Italie).
Puisque les souris mutantes ne développent pas toutes la porencéphalie et puisque la maladie humaine est également variable, les chercheurs proposent que ces mutations contribuent, en combinaison avec des facteurs environnementaux (traumatisme de la naissance, par exemple), à causer la maladie. Les vaisseaux sanguins cérébraux fragilisés des bébés affectés pourraient être endommagés par la pression appliquée sur la tête lors de la naissance, produisant des hémorragies cérébrales et une porencéphalie consécutive.
« Les implications sont importantes pour la prévention de la maladie, annonce le Dr Gould, premier signataire de ce travail. Pour les individus à risque d'anomalies vasculaires causées par des mutations du gène COL4A1 ou d'autres gènes de la membrane basale, des mesures visant à réduire le stress sur les vaisseaux sanguins cérébraux fragilisés pourraient réduire les dégâts neurologiques. Par exemple, il est possible que l'accouchement par césarienne des bébés à risque puisse augmenter leurs chances de vivre en bonne santé. »
« Science », 20 mai 2005, p. 1167.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature