De notre correspondante
«CE QUI EST vraiment intéressant, c'est que NALP1 n'avait jamais été, jusqu'à présent, impliqué dans les maladies auto-immunes», souligne dans un communiqué le Dr Richard Spritz, directeur du programme de génétique médicale humaine à l'université du Colorado (Denver), qui a supervisé le travail. «Puisque Nalp1 semble contribuer au système d'alerte précoce de notre organisme vis-à-vis des attaques bactériennes ou virales, notre découverte offre des pistes pour découvrir les facteurs environnementaux qui déclenchent ces maladies. Elles sont toutes complexes, résultant de différents gènes et de facteurs de risques environnementaux qui agissent de concert», poursuit-il.
«Mais si Nalp1 était l'un des gènes majeurs impliqués dans les maladies auto-immunes et si nous pouvions interrompre ses effets négatifs, nous aurions là une chance de traiter de nombreuses maladies chroniques auto-immunes différentes, comme le vitiligo, le lupus, le psoriasis, et, peut-être même, de les prévenir.»
Dans environ 30 % des cas, un antécédent familial.
Le vitiligo (du latin vitulum, signifiant tache blanche) est une maladie auto-immune qui résulte de la destruction progressive des mélanocytes. Il concerne de 1 à 2 % de la population, et l'on observe dans environ 30 % des cas un antécédent familial de ce trouble cutané.
La meilleure preuve de la pathogenèse auto-immune du vitiligo est son association dans les familles à d'autres maladies auto-immunes et auto-inflammatoires, en particulier à des affections auto-immunes de la thyroïde (maladie de Graves et hypothyroïdie auto-immune), mais également au diabète auto-immun, à la polyarthrite rhumatoïde, au psoriasis, au lupus érythémateux disséminé, à l'anémie pernicieuse et à la maladie d'Addison.
Dans une précédente étude du génome menée chez des familles présentant un vitiligo et d'autres maladies auto-immunes associées, l'équipe du Dr Spritz avait identifié plusieurs régions chromosomiques paraissant prédisposer à l'auto-immunité. L'une d'elle résidait sur le chromosome 17 (17p13).
Dans le « New England Journal of Medicine », les chercheurs décrivent cette fois l'identification, sur le chromosome 17p13, du gène de susceptibilité au vitiligo et peut-être à l'auto-immunité en général.
Leur étude a porté sur deux séries de familles enrôlées entre 1996 et 2005 aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Ces familles comprenaient au moins deux membres atteints de vitiligo généralisé et au moins un membre atteint d'une autre maladie auto-immune et auto-inflammatoire épidémiologiquement associée au vitiligo. Ils ont analysé les échantillons d'ADN de 656 individus, membres de 114 familles d'origine caucasienne.
En utilisant 177 polymorphismes ou SNP (pour Single Nucleotide Polymorphism) couvrant la région 17p13, les chercheurs ont identifié un gène candidat. Ce gène, Nalp1 (Nacht Leucine-Rich-Repeat Protein1), encode une protéine qui active le système immunitaire inné en réponse à des peptides bactériens ou viraux. Une analyse plus fine indique qu'au moins deux variants de Nalp1 contribuent, de façon indépendante, au risque de vitiligo et/ou au phénotype auto-immun et autoinflammatoire.
Fortement exprimé sur les cellules immunes.
On sait que le récepteur Nalp1 est fortement exprimé sur les cellules immunes, en particulier sur les cellules T et les cellules de Langerhans. Il recrute des protéines, dont la caspase 1, afin d'activer la cytokine pro-inflammatoire interleukine 1-bêta.
Il convient de noter aussi que des taux sériques élevés d'interleukine 1-bêta sont observés chez les patients atteints de vitiligo généralisé, ce qui suggère le rôle de cette voie dans la pathogenèse de la maladie. Si cette association est confirmée, et si les variants Nalp1 se montrent capables d'activer l'interleukine 1-bêta, «alors des inhibiteurs de l'interleukine1 bêta et de la caspase pourraient être efficaces dans le traitement ou la prévention des maladies auto-immunes et auto-inflammatoires associées à Nalp1», estiment les chercheurs.
Pour le Dr Peter Gregersen, auteur d'un éditorial, «cette étude apporte une preuve génétique convaincante que le gène Nalp1 constitue le gène à risque pour le vitiligo dans cette région et qu'il pourrait contribuer au risque des autres maladies auto-immunes trouvées dans ces familles… S'il était démontré que le Na1p1 est un facteur de risque pour les autres maladies auto-immunes, cela pourrait changer notre façon de voir le diagnostic, les sous-groupes de maladies et les approches thérapeutiques de la maladie auto-immune», estime-t-il.
« New England Journal of Medicine », 22 mars 2007, pp. 1216 et 1263.
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