LE TRAVAIL de l’équipe du Pr Christine Petit à l’Institut Pasteur (unité de génétique des déficits sensoriels) a découvert les bases moléculaires de l’audition et une cause génétique de surdité congénitale.
Le travail des chercheurs de l’unité de génétique des déficits sensoriels (département des neurosciences) de l’Institut Pasteur porte sur les neuropathie auditives, sources d’embarras chez les cliniciens, car on ne sait pas si elles peuvent bénéficier des implants cochléaires. Posés suffisamment tôt, les implants cochléaires permettent au cortex auditif d’assurer sa fonction.
Le travail des chercheurs, qui ont pour objectif de découvrir les gènes des surdités héréditaires et de comprendre leur physiopathologie, a permis d’ouvrir le champ d’étude de ces surdités, que l’on supposait jusque-là associées à des atteintes des voies auditives.
Or les identifications des gènes montrent que les neuropathies auditives constituent une classe hétérogène sur le plan de la physiopathologie.
L’un des gènes défectueux qui a été trouvé code une protéine, l’otoferline, qui est indispensable au processus de transformation du signal sonore en signal électrique par les cellules sensorielles de la cochlée (I. Roux, C. Petit et coll., « Cell », 20 octobre 2006, pp. 277-289). Autrement dit, l’étude de l’otoferline défectueuse et normale a permis de progresser dans la compréhension du processus de l’audition.
Ce ne sont pas les voies auditives qui sont atteintes dans les surdités congénitales sévères ou profondes associées à cette anomalie, mais les cellules ciliées internes de la cochlée, ou, plus précisément, la synapse de cette cellule. La cellules ciliée interne est la seule qui forme une synapse pour la transmission du signal vers le cerveau.
Les enfants ayant une otoferline défectueuse ont une cochlée d’apparence normale, mais non fonctionnelle. Ils présentent une neuropathie auditive que les tests audiométriques ne permettent pas de distinguer des neuropathies dont l’origine est le plus souvent liée au nerf auditif.
Diagnostic moléculaire.
Mais le test génétique (diagnostic moléculaire, mis au point par l’équipe du Pr C. Petit) permet maintenant d’identifier cette forme de surdité et de proposer un traitement : l’implant cochléaire. Dès lors qu’il est appliqué suffisamment tôt, avant la fin de la « période critique » pour la récupération d’une fonction sensorielle (5-6 ans d’âge), une récupération auditive par appareillage est possible.
Plusieurs enfants, dont deux à l’hôpital Trousseau, ont déjà bénéficié d’un implant cochléaire à la suite du diagnostic de cette surdité (« International Journal of Pediatric Otorhinolaryngology », avril 2006). «Le diagnostic moléculaire pourra être proposé dans le futur à tout enfant atteint d’une neuropathie auditive, afin d’éclairer les cliniciens et les familles dans la prise de décision de la pose d’implant cochléaire», indiquent les chercheurs.
D’autres formes ont été démembrées par l’équipe, pionnière en matière de recherche génétique sur les surdités de l’enfant. Grâce au développement d’un modèle animal, ils ont identifié une autre forme sans atteinte des cellules sensorielles de la cochlée, mais où la propagation de l’influx nerveux est retardée et désynchronisé. C’était le premier gène humain impliqué dans une surdité héréditaire due à une atteinte des neurones des voies auditives (« Nature Genetics », juin 2006). Un diagnostic moléculaire est, là aussi, possible. Seule la pratique pourra dire si les implants pourront resynchroniser les influx retardés et désynchronisés. «Il existe certains échecs des implants dont cette forme pourrait rendre compte.»
Le Pr Petit a aussi montré qu’un défaut sur l’un des 100 gènes impliqués dans les formes de surdité héréditaires à début précoce est responsable d’environ la moitié des cas de surdités infantiles congénitales.
Travail collaboratif, en association avec l’Inserm, l’université Pierre-et- Marie-Curie et le Collège de France, ainsi qu’avec les équipes du Dr Tobias Moser (université de Göttingen, Allemagne) et du Pr Paul Aven (université de Clermont-Ferrand).
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