Dans le domaine de l'ostéoporose, un enjeu important est l'identification des patients à risque avant la survenue de fractures ou d'une grave perte osseuse. On recherche donc des facteurs permettant de les distinguer. Le plus pertinent, à l'heure actuelle, est de mesurer de la densité minérale osseuse (DMO). Le mieux est de pouvoir recueillir des chiffres à l'âge jeune adulte (plus ils sont élevés, moins le risque est grand), puis au fil des années.
On s'aperçoit que la vitesse de la perte osseuse postménopausique varie d'une personne à l'autre. Un certain nombre d'arguments plaident en faveur d'une origine génétique à cette variabilité interpersonnelle, même s'il en existe d'autres mieux documentés (contenu alimentaire, médicaments, activité physique...).
L'association avec les fractures ostéoporotiques a été testée pour un certain nombre de gènes candidats sélectionnés en se fondant sur la biologie osseuse.
La banque de données de taille nationale du projet deCODE en Islande a donné l'occasion des tester un grand nombre d'individus affectés et leurs familles. Unnuyr Styrkàrsdottir et coll. (Reykjavik, Islande, et Ballerup, Danemark) ont recherché les gènes de prédisposition à l'ostéoporose et à une DMO basse.
Les auteurs ont travaillé sur 207 familles élargies comportant un grand nombre d'individus atteints. Ils ont d'abord mené une étude de liaison pour rechercher des régions du génome partagées par des membres de ces différentes familles. Ils trouvent une liaison significative avec une région du bras court du chromosome 20 portant six gènes connus, dont quatre sont impliqués dans la formation osseuse et la différenciation des ostéoblastes.
Pour circonscrire la liste des gènes candidats les plus probables, l'équipe de Styrkàrsdottir a criblé le génome de 705 individus ostéoporotiques au cours d'une étude cas-contrôle menée avec des marqueurs génétiques dans la région d'intérêt.
C'est ainsi qu'ils ont identifié le gène candidat le plus probable, le gène BMP2, dont la protéine (bone morphogenic protein 2) est connue pour être impliquée dans le développement osseux.
Différents haplotypes
Le gène BMP2 a ensuite été séquencé chez 188 patients et 94 contrôles, à la recherche de variants susceptibles de conférer une prédisposition à l'ostéoporose. Différents haplotypes qui ont été associés à l'ostéoporose dans la cohorte ont été trouvés.
Ces haplotypes à risque, représentés par différentes versions du gène BMP2, sont associés à une multiplication par trois du risque de développer la maladie.
Ensuite, une étude de vérification composée de deux groupes de Danoises en période postménopausique - un groupe avec une DMO basse et un groupe présentant des fractures ostéoporotiques - a confirmé les résultats : une incidence élevée de variants de BMP2 est associée à l'ostéoporose à la fois en Islande et chez les femmes Danoises, comparativement aux contrôles.
Les chercheurs espèrent que leur publication va susciter des vocations chez d'autres équipes pour confirmer leur découverte et élucider le rôle du gène dans l'ostéoporose. « La compréhension des mécanismes et des voies de signalisation de BMP2 pourrait non seulement permettre de trouver des cibles pour un traitement mais aussi de faire un diagnostic de prédisposition. »
« Plos » (pour « Public Library of Science Biology »), volume 1, numéro 3, p. 1-11.
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