S'IL EN EST des hommes comme des macaques, la dépendance à l'alcool pourrait être le fait d'un gène capable d'accentuer les effets gratifiants, au niveau du système nerveux central, dès la première prise d'alcool.
L'étude publiée par des chercheurs américains du National Institute on Alcool Abuse and Alcoolism (Niaaa), menée chez des macaques, prolonge les découvertes qui montrent qu'un récepteur cérébral joue un rôle essentiel dans la dépendance à l'alcool.
On sait que des peptides opioïdes se lient à des récepteurs spécifiques au niveau du cerveau et qu'ils interviennent dans le circuit de la récompense et du renforcement. Ce mécanisme rend compte de l'euphorie et des effets subjectifs produits par l'alcool. Parmi les sous-types de récepteurs opioïdes, le sous-type mu est particulièrement impliqué dans la réponse à l'alcool sous la forme d'effets gratifiants. Plusieurs variants du sous-type mu ont été identifiés. Chez les humains, le gène codant le sous-type mu OPRM1A118G augmente l'euphorie éthylique et le risque d'accoutumance.
De l'alcool a été administré par voie intraveineuse à différentes doses à 82 macaques, qui ont été par ailleurs typés génétiquement. On a observé leurs réponses à l'alcool (ataxie, stimulation, sédation) et leur comportement vis-à-vis de boissons alcoolisées mises à leur disposition.
Une stimulation plus forte est constatée chez les macaques mâles porteurs de l'allèle OPRM1C77G, équivalent du gène OPRM1A118G humain ; ils sont attirés par les boissons alcoolisées qu'ils consomment en plus grande quantité que les autres. Ils ont aussi une tendance à consommer l'alcool en quantité suffisante pour produire une intoxication (≥ 0,67 g/kg). Ce génotype est prévalent de manière plus marquée chez les mâles chez qui il s'exprime davantage.
Un parallèle avec les humains est intéressant à souligner, car l'alcoolisme de type 2 d'apparition précoce est plus courant chez les hommes et, parmi les individus dépendants, les hommes sont plus sensibles au blocage des récepteurs mu opioïdes.
Arch. Gen. Psy. », 2007 ; 64 : 268.
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