UNE PROPORtION non négligeable des cancers du sein surviennent chez une minorité de femmes porteuses d'une susceptibilité génétique mais non porteuses des gènes BRCA1 et BRCA2. Les femmes qui ont la version défectueuse du gène CHEK2, nommée CHEK2*1100delC, ont un risque doublé de cancer du sein. Le gène lui-même est trouvé à une fréquence comprise entre 0,5 et 1,3 % de la population caucasienne de l'Europe du Nord.
Il représente un candidat plausible pour un modèle polygénique, qui permettrait d'expliquer 50 % des cas de cancer du sein qui surviennent dans les 12 % de la population à risque génétique et où on suppose qu'interviennent plusieurs gènes à bas risque, qui s'amplifient.
Le risque de cancer du sein chez les porteuses du gène CHEK2*1100delC est double, selon l'étude d'une série de 10 860 cas non sélectionnés.
En outre, il est probable que l'allèle présent chez l'homme confère un risque de cancer de la prostate, selon la même étude.
Nichola Johnson et coll. (Londres) se sont intéressés au risque de cancer du sein chez les parentes de femmes à la fois porteuses de l'allèle CHEK2*1100delC et souffrant d'un cancer bilatéral des seins.
Les auteurs ont trouvé une série de 469 cas de cancers du sein bilatéraux dans les registres britanniques du cancer.
Le taux d'incidence standardisée et les risques cumulés (au cours de la vie) de cancer du sein et de la prostate ont été évalués chez les parents au premier degré des porteuses du gène défectueux et chez des non-porteuses.
Risque cumulé, à 80 ans, de 58,8 %.
Les investigateurs trouvent que les parentes au premier degré de femmes qui ont un cancer bilatéral des seins, sans avoir le gène CHEK2*1100delC, ont un risque cumulé de cancer du sein de 23,8 % à l'âge de 80 ans, par rapport à un risque attendu de 7,9 %. Par ailleurs, chez les parentes de femmes ayant un cancer bilatéral et le gène défectueux, le risque cumulé à 80 ans est de 58,8 % pour les parentes.
Les auteurs déclarent : « Grosso modo , 2 000 cancers bilatéraux sont diagnostiqués chaque année au Royaume-Uni, dont 2 % sont associés au gène CHEK2*1100delC. Ils ajoutent : La recherche de CHEK2*1100delC chez des femmes ayant une antécédent familial de cancer du sein, en particulier s'il est bilatéral, pourrait être utile pour tenir compte du risque. »
L'étude tend à confirmer le modèle de cancer du sein lié à des allèles multiples, où chaque gène donnant un risque relatif faible se combine aux autres pour multiplier le risque. Le risque relatif de 3,5 de cancer du sein chez les parentes du premier degré de cas bilatéraux qui ont le gène CHEK2 naturel pourrait être multiplié par 2,3 qui est le risque relatif conféré par l'allèle CHEK2*1100delC pour aboutir à un risque relatif de 8,05 chez les parentes au premier degré qui seraient positives pour CHEK2*1100delC elles-mêmes. Et à un risque relatif de 5,8 pour toutes les parentes au premier degré de porteuses.
Pour ce qui concerne la prostate, le taux d'incidence standardisé est évalué à 9,87, mais comme il n'est fondé que sur deux cas, on ne peut parler que de risque « apparemment » élevé, ajoutent prudemment les auteurs.
« The Lancet », vol. 366, 29 octobre 2005, pp. 1554-1557.
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