Fusions, achats, OPA : on croyait que cette époque était révolue. Ces vastes opérations, qui ne sont conduites à bien qu'avec d'énormes financements, ne réussissent guère à leurs salariés et sont parfois autodestuctrices : la fusion d'AOL et de Time Warner s'est soldée par des pertes considérables.
Mais ce qui relevait du caprice des dirigeants d'entreprise ou, plus souvent, de leur désir de s'enrichir eux-mêmes correspond parfois à une nécessité industrielle : Air France a fusionné avec KLM, à la faveur d'une offre publique d'échanges (OPE), parce que le nombre des compagnies aériennes européennes diminuera fatalement. De même, si Péchiney a été absorbé par le Canadien Alcan, c'est parce que, face au géant américain Alcoa, il n'avait pas le choix.
On se souvient que, sous la houlette de Christian Blanc, Air France s'est redressée de manière rapide. Sans la très sensible amélioration de ses comptes, la compagnie nationale, loin d'absorber celle des Pays-Bas, aurait été phagocytée par une autre. Mais la remise sur pied d'Air France n'a été réalisée que grâce à des sacrifices, du personnel notamment. Aujourd'hui, les employés d'Air France se demandent si, en dépit des dénégations du P-DG, Cyrille Spinetta, il n'y aura pas de compressions de personnels. On voit mal comment, après avoir fusionné avec KLM, qui accuse de lourdes pertes, la direction d'Air France ne sera pas contrainte à faire des économies. Le souci des employés est donc légitime, en France et encore plus en Hollande.
La stratégie de M. Spinetta n'en est pas moins judicieuse. Air France gagne encore de l'argent dans un secteur où les compagnies américaines et nombre de transporteurs européens en perdent beaucoup, quand ils ne sont pas officiellement en faillite.
Air France commence à peine à pénétrer le domaine du « low cost », au moment où des sociétés comme easyJet et RyanAir font un tabac avec le voyage à bon marché. Au contraire, la compagnie nationale tente de développer son marché des sièges à prix élevé, réservé surtout aux hommes d'affaires. L'augmentation subite de sa flotte, l'acquisition d'un nouveau « hub » (port d'attache) à Schipol, la variété des appareils lui permettront d'élargir son offre, du moins cher au plus cher.
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