Dix millions de foyers, soit 40 % des réseaux intérieurs de conduite d'eau du territoire, seraient encore constitués de canalisations en plomb. Si cette évaluation n'est pas une certitude, elle donne une indication sur la population concernée par des installations de filtres. En effet, c'est à l'intérieur des propriétés privées que l'on trouve souvent encore de grandes longueurs de conduites en plomb qui polluent l'eau de consommation. Et la norme actuelle de 50 microgrammes/litre est souvent dépassée.
Le plomb peut entraîner des troubles neurologiques en cas d'absorption régulière ou à dose massive. Spécialement concernés, les nourrissons peuvent alors présenter un retard de développement psychomoteur.
Même si l'eau du robinet a une teneur en plomb bien moins toxique que les anciennes peintures, une directive de 1999 encourage les états européens à atteindre en 2003, phase transitoire, 25 μg/l, avant d'arriver en 2013 à 10 μg/l. Les secteurs communaux travaillent au changement de toutes les canalisations qui dépendent des communautés. Il fallait trouver une solution pour les particuliers et permettre à chacun de boire une eau saine sans engager forcément des travaux onéreux de rénovation de son réseau personnel.
En réponse à un appel à projet interministériel, la Générale des eaux, en partenariat avec Culligan, leader mondial du traitement de l'eau à domicile, a proposé la réalisation d'un équipement domestique, fiable et compact : un filtre antiplomb. Composé d'un robinet en plastique et d'une cartouche de capacité de filtrage de 1 000 litres, soit 6 mois de consommation dans une famille de 4 personnes, le filtre se fixe au col de cygne du robinet de la cuisine. L'eau de consommation passe à l'intérieur et est instantanément nettoyée par un mélange de charbon et zéolithe qui agit comme un piège à plomb et à germes bactériologiques.
La collaboration de deux laboratoires
Deux laboratoires nancéiens (LHRSP et LSGC*) ont validé le projet. Le Laboratoire d'hygiène et de recherche en santé publique est reconnu pour le contrôle des eaux susceptibles d'être consommées et le Laboratoire des sciences et du génie chimique pour ses compétences dans la maîtrise des milieux poreux permettant d'éliminer les éléments présents dans l'eau. Les recherches ont porté sur le choix du matériau filtrant, sur la mise au point du procédé et sur la conformité du dispositif de traitement en réponse aux exigences spécifiques du ministère chargé de la Santé. Deux ans ont été nécessaires pour valider le filtre qui sort actuellement. Une version « sous évier » reliée à un robinet supplémentaire est aussi en préparation.
Enfin, l'innocuité de la cartouche est garantie. Elle est donc considérée comme un déchet non toxique qui peut être jeté sans danger après utilisation. Le coût initial du filtre est de 100 euros et celui d'une cartouche valable 6 mois, 50 euros. Un investissement qui n'est pas négligeable sur la durée, même si l'outil paraît indispensable à la santé.
* Laboratoire d'hygiène régional en santé publique et Laboratoire des sciences du génie chimique (CNRS).
Des gestes pour préserver l'eau
Chacun de nous peut contribuer à la qualité des eaux grâce à des gestes simples de la vie quotidienne, rappelle le Syndicat interdépartemental pour l'assainissement de l'agglomération parisienne (SIAAP). Protéger l'eau, c'est d'abord l'économiser : préférer la douche (160 l) au bain (250 l) ; ne pas laisser couler l'eau en se brossant les dents (45 l économisés par jour) ou en se rasant (20 l) ; limiter le débit de la chasse d'eau, avec une chasse à double capacité ou tout simplement en plaçant une brique au fond du réservoir ; utiliser des robinets limiteurs de débit ; remplir le lave-vaisselle et le lave-linge au maximum de leur capacité ; faire attention aux fuites (un robinet qui goutte fait perdre 15 l d'eau par heure) ; pour dégeler les aliments, préférer le micro-ondes ou le réfrigérateur à l'eau chaude du robinet. Deux mesures, enfin, pour préserver la qualité : éviter de jeter des produits tels que peintures, solvants, produits d'entretien ménager ; utiliser la juste dose pour les produits de lavage.
Selon des chiffres de l'ONU, en Europe, les fuites d'eau potable représentent quelque 10 milliards de dollars par an. « Alors qu'on parle de pénurie croissante d'eau, on s'offre encore le luxe de perdre et de gaspiller l'eau jusque dans les pays développés », dit à l'AFP un expert des Nations unies. Une étude publiée en décembre dernier par l'Institut français de l'environnement et le ministère de l'Agriculture avait estimé à un cinquième les fuites du réseau d'eau potable en France.
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