C'EST DE LA BOBOLOGIE dans le sens noble du terme. « Parce que ce n'est pas du jeu d'être malade ! » l'association Sparadrap agit depuis plus de dix ans pour que l'enfant comprenne sa maladie et ses traitements, pour qu'il bénéficie de soins adéquats et d'une prise en charge de la douleur. Elle propose aujourd'hui un film de formation qui s'appuie sur l'expérience de la clinique de l'Espérance de Liège, en Belgique. « L'introduction du jeu dans le cadre des soins est à la fois simple, parce que l'enfant est souvent bien disposé à utiliser cette technique, mais complexe, car il faut pouvoir l'inscrire dans un projet partagé par l'équipe », explique Sparadrap.
Le film, tourné dans des services de pédiatrie, de chirurgie, de cardiologie, d'onco-hématologie et de radiologie, montre différentes situations dans lesquelles il est possible d'informer l'enfant par le jeu. Il révèle également l'efficacité de cette approche pour les enfants, pour leurs parents et pour les « bien traitants ».
Tout le monde y gagne.
« En proposant une démonstration sur une poupée, par exemple, on offre à l'enfant la possibilité de réagir. Il devient celui qui soigne, qui décide. Et finalement, on respecte beaucoup plus sa personnalité », affirme Bénédicte Minguet, psychologue et coordinatrice de l'humanisation à la clinique de l'Espérance. « L'enfant joue au docteur, à l'infirmière, à la maman... Tout en sachant qu'il sait faire la différence : lorsqu'il frappe sa poupée, c'est pour se défouler, évacuer ses sentiments, négatifs - ou positifs, d'ailleurs. »
« En rejouant ce qu'il a vécu, ajoute Marie Schruse, infirmière dans le même établissement, l'enfant devient sujet de son histoire, il se la réapproprie. C'est beaucoup plus valorisant. » Les parents y trouvent leur compte. « Ça nous prépare à un choc plus léger, explique le papa de Thomas, prêt à subir une opération, on se fait l'allié de la médecine et non le père qui se fait agresser par cette médecine. »
La triade parents-enfants-soignants permet la bonne circulation de l'information. Quant aux soignants, ils sortent eux aussi vainqueurs de l'expérience. « Montrer à l'enfant qu'il maîtrise son soin, ce n'est pas si facile pour le soignant. C'est très important pour nous qui, la plupart du temps, ne faisons que des choses pénibles pour l'enfant... On évite le burn out », va jusqu'à dire cette éducatrice. « Ça a changé ma vie de pédiatre », renchérit une médecin de Lyon. La formation pilote a en effet été proposée à six services pédiatriques en France : Angers, Colmar, Lyon, Bordeaux, Mulhouse et Brest. « L'ambiance est beaucoup plus détendue, l'échange est amélioré. » Tout le monde y gagne, d'après cette infirmière de Liège, « même la société, du fait du retour positif sur le travail des soignants ».
Pas de grand ou de petit bobo.
Le personnel soignant est de plus en plus convaincu que « l'information fait partie du soin ». Françoise Galland, directrice de l'association Sparadrap, aussi. « Il faut informer et le jeu est un excellent moyen d'entrer en contact avec l'enfant. Or toute situation peut devenir anxiogène : il n'y a pas de petit ou de grand soin. Et toute première fois est importante. »
Le jeu détente est déjà présent dans les hôpitaux, convient la directrice. Le jeu information aussi, « mais il garde toujours un caractère accessoire. C'est "quand on aura le temps" ». Autre originalité que revendique Sparadrap : « Contrairement à ce qui se passe en Amérique du Nord, où des professionnels viennent donner une information par le jeu, nous voudrions promouvoir l'idée d'un travail d'équipe (soignante). » Le jeu élément intrinsèque au soin, à l'établissement, en quelque sorte.
Avec un bon Sparadrap, « Pendant la maladie, l'enfance continue... ».
www.sparadrap.org. Pour se procurer le film : Fondation CNP-film Informer par le jeu à l'hôpital, Héron Building, 66, avenue du Maine 75682 Paris Cedex 14, fondation@cnp.fr.
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