Livres
T RANSFUGE de la médecine qu'il a exercée à Strasbourg, Thierry Serfaty publie son deuxième thriller après « le Sang des sirènes » qui a obtenu le prix « Polar 2000 ». « Le cinquième patient » (1) a pour point de départ un hôpital de Montréal - ville où l'auteur a également pratiqué la médecine - où le docteur Eydan Corr, qui vient d'être promu chef du service de neurologie, a la charge de cinq patients inclus dans l'étude Delta qui teste à l'échelle mondiale l'efficacité d'un nouveau traitement contre la sclérose en plaque, pour le compte d'un laboratoire.
Là commence la fiction, heureusement. Car le cinquième malade, Robert Greene, décide soudain de « démissionner » et menace de mort le médecin qui lui refuse l'euthanasie ; lequel ne peut exclure ce patient récalcitrant de l'étude parce que le laboratoire le menace à son tour des pires ennuis s'il ne parvient pas à convaincre Greene de poursuivre l'essai thérapeutique.
Pour sortir du piège qui se referme et alors que les morts se multiplient autour de lui, le docteur Eydan Corr doit absolument trouver ce que le laboratoire essaie de lui cacher...
Dans « Pestilence » (2), ce n'est plus un laboratoire pharmaceutique qui est montré du doigt mais un hôpital. Son auteur, Ken McClure, un spécialiste en biologie moléculaire et en bactériologie nous dit-on, établi à Edimbourg, est aussi un vieux routier du thriller médical.
Son héros est un interne aux urgences qui s'investit sans compter dans son métier. Appelé en pleine nuit, après dix-huit heures de garde, pour intervenir sur un accident de la route, James Saracen est retrouvé le lendemain matin évanoui et ligoté à une table d'autopsie.
Hallucinations ? Surmenage ? Ou peut-être avertissement à l'intention d'un interne trop curieux ? Car il se souvient de s'être approché, la fameuse nuit, d'hommes masqués en train de charger, dans un van, une longue caisse emballée dans une toile de plastique. Bientôt, ce sera la ville entière de Skelmore qui sera confrontée au mal...
Médecin également, à Los Angeles et professeur à la faculté de médecine, Leonard S. Goldberg s'inspire de son expérience professionnelle pour écrire des romans à suspense mettant en scène les personnages du Memorial Hospital. « Folie meurtrière » (3) est le quatrième traduit dans cette collection et permet de retrouver les personnages récurrents de Joanna Blalock, médecin légiste, et Jake Sinclair, inspecteur de police.
Le duo, professionnel et sentimental, fait à nouveau équipe après qu'une bombe a détruit tout un quartier résidentiel de Los Angeles, tuant vingt personnes, terroristes et innocents confondus. Passant au peigne fin tous les indices humains pour reconstruire les vies et les identités des victimes, Joanna découvre que celles-ci sont toutes des Mexicains atteints de maladies incurables...
De Leah Ruth Robinson, qui s'est, avec seulement deux livres, fait un nom aux Etats-Unis dans ce genre d'ouvrages, on sait seulement qu'elle est une spécialiste des techniques médicales d'urgence. Ce qui explique que l'héroïne de son dernier opus intitulé « Une attention vénéneuse » (4), soit médecin des urgences.
Est-ce d'ailleurs à titre professionnel, ou personnel que le docteur Evelyn Sutcliffe a été visée, et même, est-ce bien à elle qu'était destiné le cadeau empoisonné qui a conduit un de ses amis à la morgue ? Car c'est en rentrant à son domicile, où cet ami, un confrère, avait commencé à préparer le dîner où elle devait fêter l'anniversaire de l'homme de sa vie, le psychiatre Phil Carchiollo, qu'elle l'a retrouvé empoisonné par des champignons qu'on lui avait envoyé...
Changement radical d'époque mais non d'atmosphère angoissante avec les « Ombres et lumières » (5) de Nicholas Griffin, un jeune écrivain et historien anglais spécialiste du XVIIIè siècle et amateur d'aventures.
Avec lui et Joseph Bendix, un jeune médecin anglais formé à Paris, nous retournons dans le Londres d'il y a trois siècles. Pour parachever sa formation, et pour approfondir sa théorie révolutionnaire sur le rôle du mental dans le déclenchement ou la guérison des maladies, celui-ci se lie à un illustre et riche confrère, le Dr Calcraft, qui se livre dans sa cave à d'étranges expériences dans le but, dit-il, de faire progresser la médecine. Pour cela il a besoin de corps. Ce qui explique peut-être qu'il soit lié avec le maître incontesté de la pègre londonienne. A moins qu'il ne se livre pas uniquement par amour de la science à ces expériences...
Plus subtil est le premier roman de l'Américaine Jeannine Kadow, « Obsessions » (6), qui vise à démontrer que rien n'est pire qu'une phobie pour vous rendre vulnérable.
Comme l'auteur le fut, l'héroïne de l'ouvrage, Lacie Wagner, est une journaliste de télévision dont l'intérêt est éveillé lorsqu'elle apprend qu'une amie d'enfance devenue officier sur un porte-avions, s'est suicidée après s'être accusée du sabotage d'un bombardier ; elle aurait été poussée à agir ainsi par un homme mystérieux. Or Lacie, dont le père a brûlé vif dans un accident de voiture alors qu'elle était en colonie de vacances avec cette amie, fait elle aussi d'horribles cauchemars dans lesquels un homme mystérieux lui parle du feu. Qui plus est, elle apprend en même temps que sa fille a été enlevée et elle reçoit une cassette la montrant en train de brûler vive. Un contexte terrible où, aidée par un médecin agent du F.B.I., elle devra remonter dans son passé pour faire rejaillir des secrets oubliés depuis des années...
Spécialiste du thriller politique, Jack Swift n'est pas médecin mais il s'est adjoint les conseils d'un spécialiste pour écrire « Opération virus » (7), une dénonciation des manipulations gouvernementales.
Le thème en est la décision de l'agence scientifique militaire américaine, de tester les effets d'un virus mortel, proche de l'Ebola, sur une population civile. L'action se prépare en Inde, dans un ashram dont le gourou ressemble à Aum, infiltré par l'agent Gerry Murphey depuis plusieurs mois - mais est-ce bien lui qui mène le jeu ou l'effrayante Mère, ou encore la gentille et jolie disciple Sandy ? - cependant le cauchemar prendra forme sur une île déserte du Pacifique...
(1) Albin Michel, 295 p., 98 F (14,96 euros)
(2) L'Archipel, 303 p., 105 F (16,01 euros)
(3) Payot, 413 p., 125 F (19,02 euros)
(4) JC Lattès, 345 p., 129 F (19,69 euros)
(5) Presses de la Cité, 419 p., 120 F (18,29 euros)
(6) Payot, 475 p., 135 F (20,58 euros)
(7) Le Rocher, 302 p., 118 F (17,99 euros)
« Docteur Mabuse » dans toute sa splendeur
L'horrible Docteur Mabuse, le personnage fétiche de Norbert Jacques rendu mondialement célèbre grâce aux adaptations de Fritz Lang, revient nous hanter sans qu'on en puisse plus rien ignorer : paru en feuilleton dans le « Berliner illustrirte Zeitung » en 1921-1922, publié en France chez un petit éditeur en 1954 dans une traduction tronquée et sans diffusion véritable, « Docteur Mabuse » est édité ici pour la première fois dans sa traduction intégrale.
On est dans le Berlin de l'immédiat après-guerre, les cercles de jeux illégaux se multiplient. Un mystérieux joueur, qui a la capacité de faire perdre tous leurs moyens à ceux qu'il dépouille, attire l'attention du procureur Wenk qui n'arrive cependant pas à le coincer. Il se lie avec la comtesse von Told, une jeune femme désabusée cherchant l'aventure dans les milieux interlopes, qui ne tarde pas à tomber elle aussi sous l'emprise du docteur Mabuse, génie du Mal au charisme décuplé par ses pouvoirs hypnotiques.
C'est là le double aspect qui explique le succès immédiat du roman en Allemagne : d'un côté Norbert Jacques tend au lecteur le miroir d'une époque qu'il est en train de vivre et dont il restitue la mentalité ; d'un autre côté, à travers un personnages stéréotypé, il met en scène l'éternelle lutte entre le Bien et le Mal, celle des contes de fées où les bons sont récompensés et les méchants punis. Cet ouvrage sera suivi du « Testament du Docteur Mabuse », totalement inédit.
Le Rocher, 291 p., 58 F (8,84 euros)
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