Au cours de la plupart des traitements par antipsychotiques, une prise de poids est souvent notée par les patients. Elle peut induire une mauvaise observance thérapeutique. Une équipe sino-britannique vient de mettre en évidence une relation entre cet effet secondaire et le polymorphisme du gène du récepteur 5-HT2C.
La recherche ne s'est pas portée sur ce récepteur par hasard. Tout d'abord, la majorité des antipsychotiques sont des antagonistes 5-HT2C. Ensuite, des travaux, chez la souris, avaient montré que les animaux privés de ce récepteur deviennent obèses et se suralimentent.
G. Reynolds (Sheffield), Z. Zhang et X. Zhang (Nanjing) ont, pour confirmer leur hypothèse, enrôlé 123 Chinois Han de 26,6 ans en moyenne. Tous étaient atteints de schizophrénie et hospitalisés pour un premier épisode psychotique. Le traitement reposait, essentiellement, sur une monothérapie par l'un des divers antipsychotiques, classique ou atypique. Tous avaient un régime alimentaire similaire (de type hospitalier), avec parfois des suppléments en fruits et la possibilité d'une heure d'exercice physique par jour. Ils étaient pesés de façon hebdomadaire. Enfin, et surtout, une recherche a été faite d'un polymorphisme -759C/T de la région régulatrice du gène du récepteur 5-HT2C.
Le variant -759C/T
Ce gène étant porté par l'X, les homme étaient hétérozygotes, avec 11 sujets sur les 61 (18 %) porteurs d'un allèle muté (présence du variant -759C/T). Seize des 62 femmes (26 %) étaient hétérozygotes, aucune homozygote.
La prise de poids a été plus importante chez les porteurs du génotype sauvage (absence du variant -759T) que les autres, tant à 6 qu'à 10 semaines et tant chez les femmes que chez les hommes. Dans le sous-groupe des sujets dont l'index de masse corporelle était compris entre 17 et 26 kg/m2, l'association était relevée dès la 6e semaine. En utilisant un seuil de prise de poids de 7 %, toujours à 6 semaines, 28 % de sujets au génotype sauvage avaient atteint ce palier et aucun des sujets au génotype muté. A dix semaines, les 7 % de prise de poids étaient atteints par 51 % des premiers et 15 % des seconds.
Si les auteurs considèrent avoir démontré que le polymorphisme -759T de la région promotrice du récepteur 5-HT2C est impliqué dans la prise de poids, ils reconnaissent que d'autres facteurs, non étudiés ici, entrent en jeu. En outre, ils ne se sont attachés qu'à un seul des polymorphismes du promoteur. D'autres mécanismes de récepteurs pourraient être impliqués dans la prise de poids. Leurs polymorphismes fonctionnels pourraient impliquer d'autres différences spécifiques.
« Lancet », vol. 359, 15 juin 2002, pp. 2087.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature