LES VIRUS INFLUENZA de type A sont endémiques chez les oiseaux aquatiques sauvages et sont à l’occasion transmis à l’homme avec des résultats catastrophiques.
L’éclosion en Asie du Sud-Est, depuis décembre 2003, de plusieurs cas de transmission à l’homme du virus grippal aviaire H5N1 a abouti à 76 décès chez 144 personnes infectées (OMS, 5 janvier) et conduit à l’abattage de millions d’oiseaux.
Ce virus aviaire H5N1, hautement pathogène, s’est propagé de la Chine vers l’Europe (Roumanie, Turquie, Croatie, Russie), et sa circulation de plus en plus grande fait craindre l’émergence d’un nouveau virus grippal « humanisé » qui pourrait être transmis d’homme à homme et provoquer une pandémie grippale dévastatrice.
Curieusement, peu de données sur le génome des virus grippaux aviaires sont disponibles pour comprendre la virulence et la transmissibilité de ces virus.
Canards, mouettes, volailles.
Pour répondre à ce besoin, Clayton Naeve et son équipe (St Jude Children’s Research Hospital, Memphis, Etats-Unis) ont conduit le premier séquençage sur une grande échelle des virus influenza aviaires (VIA). Ce séquençage porte sur un échantillon de 336 souches isolées chez des oiseaux (canards, mouettes, volailles...) recueillis sur plusieurs continents, entre 1976 et 2004. Les souches appartiennent aux 25 sérotypes HA et NA connus.
«Nous mettons à la disposition de la communauté scientifique 3,7millions de bases de nouvelle information génétique,2196nouveaux gènes et 169génomes complets», déclare au « Quotidien » le Dr Clayton.
Un motif qui permet au virus de se lier aux protéines cellulaires humaines.
«Notre analyse initiale met en évidence certains traits intéressants de cette population virale; peut-être l’observation la plus fascinante est la découverte d’un motif sur les virus influenza aviaires, absent sur les virus influenza humains, qui leur permet de se lier à de nombreuses protéines cellulaires humaines et de perturber sans doute de nombreuses voies cellulaires. Nous explorons dans notre article que ce trait moléculaire des souches grippales aviaires pourrait contribuer à la virulence élevée des virus H5N1 actuels, mais nous n’en avons pas la confirmation expérimentale à ce jour. Nous nous attendons que la découverte de cette caractéristique déclenche une recherche approfondie dans ce domaine. Il s’agira de dire si oui ou non cette molécule joue un rôle important dans la virulence.»
Perturbations de voies cellulaires.
Ce motif, trouvé dans la protéine NS1 des virus aviaires, est un ligand pour le domaine PDZ.
Lorsque les protéines NS1 aviaires sont introduites dans les cellules humaines, elles peuvent se lier aux protéines cellulaires contenant des domaines PDZ, et pourraient, de ce fait, perturber de nombreuses voies cellulaires ; cette perturbation pourrait sans aucun doute contribuer à la mortalité élevée de la grippe aviaire.
«Ces protéines pourraient se révéler de précieuses cibles pour le traitement antiviral», ajoutent les chercheurs.
« Sciencexpress », 26 janvier 2006.
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