DEUX ÉTUDES publiées simultanément dans le « New England Journal of Medicine » montrent que l'utilisation de l'eltrombopag, un nouveau facteur de croissance des plaquettes prescrit par voie orale, permet de majorer de façon significative le taux de plaquettes chez des sujets souffrant de deux pathologies associées à une thrombocytopénie : le purpura thrombocytopénique idiopathique (PTI) et la thrombocytopénie postcirrhotique, chez les patients atteints d'hépatite C chronique.
Taux de plaquettes inférieur à 30 000 par mm3.
La première des publications avait inclus un total de 118 adultes souffrant de PTI chronique, dont le taux de plaquettes était inférieur à 30 000 par mm3.
Pour faire partie de l'étude, les malades devaient avoir présenté des épisodes de rechute de leur PTI ou leur taux plaquettaire devait avoir été insensible à, au moins, l'un des traitements habituellement prescrits. Après tirage au sort, ils ont reçu soit du placebo, soit de l'eltrombopag à la dose de 30, 50 ou 75 mg par jour. Quarante-trois jours après l'inclusion dans l'étude, le taux de plaquettes de 28, 70 et 81 % des patients recevant les doses de 30, 50 et 75 mg a dépassé la valeur seuil de 50 000 par mm3. Dans le groupe contrôle, seuls 11 % des malades ont vu leur taux de plaquettes augmenter d'une valeur similaire. Le taux moyen de plaquettes s'établissait pour sa part à, respectivement, 26 000, 128 000 et 183 000 contre 16 000 dans le groupe placebo. Deux semaines après le début du traitement, plus de 80 % des patients recevant les doses de 50 ou 75 mg d'eltrombopag présentaient une majoration de leurs plaquettes. De façon concomitante, les épisodes de saignement ont diminué significativement dans ces deux groupes.
La deuxième publication avait inclus une population différente mais présentant elle aussi une thrombocytopénie.
Il s'agissait de 74 patients atteints d'hépatite C chronique à l'origine d'une cirrhose et qui ne pouvaient, en raison de leur taux de plaquettes bas, bénéficier d'un traitement antiviral. Les études préliminaires sur le traitement par interféron et ribavirine n'ont en effet jamais pris en compte des patients dont le taux plaquettaire était inférieur à 50 000 par mm3, même si dans l'absolu cette donnée ne contre-indique pas de façon formelle le traitement antiviral. Les patients dont le taux de plaquettes était compris entre 20 000 et 70 000 au moment de l'inclusion ont reçu soit de l'eltrombopag (à la dose de 30, 50 ou 75 mg par jour), soit un placebo quotidiennement pendant quatre semaines.
Traitement antiviral complémentaire.
A l'issue de ces premières semaines de traitement, les patients dont le taux de plaquettes était majoré pouvaient recevoir, en complément, un traitement par peg interféron et ribavirine pendant 12 semaines supplémentaires. A la fin du premier mois, les auteurs ont recensé les patients dont le taux de plaquettes était passé à 100 000 par mm3 au moins : aucun des 17 patients du groupe placebo, 9 des 12 recevant 30 mg d'eltrombopag, 15 des 19 recevant la dose de 50 mg et 20 des 21 traités avec la dose maximale (75 mg).
Un traitement antiviral a ensuite été prescrit chez 49 patients (4 sous placebo, 10 sous eltrombopag 30 mg, 14 recevant de l'eltrombopag 50 mg et 21 à la dose maximale). Le traitement par placebo ou facteur de croissance plaquettaire était prolongé pendant toute la durée du traitement antiviral. Seuls 6 % des sujets sous placebo ont pu recevoir le traitement antiviral pendant toute la durée prévue initialement (12 semaines) ; ils étaient 36 % pour les patients traités avec la dose de 30 mg, 53 % avec la dose de 50 mg et 65 % avec la dose maximale. Les auteurs soulignent que le taux de plaquettes sous traitement antiviral s'est abaissé pour un nombre important de patients, mais que le seuil minimal déclenchant la suspension thérapeutique n'a été atteint que pour un nombre limité de patients.
« New England Journal of Medicine », vol. 357 ; 22 : 2227-2236, 2237-2247 et 2299-2301.
Un agoniste des récepteurs à la thrombopoïétine
Eltrombopag, nouvelle petite molécule non peptidique utilisable par voie orale, agit comme un facteur de croissance des plaquettes du fait de son action agoniste des récepteurs à la thrombopoïétine. La molécule interagit avec le domaine transmembranaire des récepteurs à la thrombopoïétine et induit, de ce fait, une prolifération et une différenciation des mégacaryocytes. Des études animales sur le chimpanzé et des travaux préliminaires sur l'homme ont confirmé que, invivo, l'eltrombopag augmente de façon significative la production de plaquettes.
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