Livres
A moins d'avoir une répulsion épidermique pour ce qui nous vient d'outre-Manche - car si la mère du héros est uruguayenne et si lui-même est ce qu'on appelle un cosmopolite, il reste on ne peut plus « britisch » -, on ne peut que tomber sous le charme de cette autobiographie fictive, de l'écriture, des anecdotes et digressions innombrables et savoureuses contées par William Boyd.
C'est en 1923, alors qu'il a 17 ans, que commence le premier des carnets intimes de l'écrivain - et l'histoire de sa vie. Depuis quatre ans, Logan est pensionnaire à Abbeyhurst College, « un éminent établissement, encore que pas tout à fait de première classe » et, pour tromper son ennui, il fait les quatre cents coups avec ses deux amis Peter Scabius et Ben Leeping, qu'il ne perdra jamais de vue. L'un deviendra un auteur de romans policiers à succès et sera anobli à la fin de sa vie, l'autre sera un grand marchand d'art, découvreur des talents de son temps. Logan Mountstuart, lui aussi, après être sorti d'Oxford avec un diplôme d'histoire sans mention et beaucoup d'ambition, publiera des livres - trois romans et un essai -, achètera des tableaux - il sera critique d'art à New York - sera aussi journaliste, traversera la guerre civile espagnole, sera agent secret de la Navy pendant la Seconde Guerre mondiale et finira par mourir d'une crise cardiaque en 1991, à l'âge de 95 ans.
L'universel et le particulier
Comparant sa vie à un Yo-Yo, « un jouet secoué, tournoyant dans les mains d'un enfant maladroit, le manipulant avec trop de force, trop impatient d'apprendre comment utiliser son nouveau Yo-Yo ».
Un premier amour déçu, un mariage raté, une passion, un divorce, des enfants ; une vie partagée entre Londres, Paris, New York, le Nigeria et un village du Lot ; des rencontres exceptionnelles - Hemingway, Picasso, Virginia Woolf, Ian Fleming et tant d'autres, dont le duc de Windsor et Wallis Simpson - la richesse et la pauvreté, une certaine considération et la déchéance puis l'oubli, c'est tout cela, la vie de Logan Mountstuart : sept décennies qui nous font retraverser le XXe siècle, revivre ses convulsions, saluer ses célébrités ; sans que jamais l'on se désintéresse du devenir particulier du héros.
C'est là la réussite de William Boyd - l'auteur, entre autres, d'« Un Anglais sous les tropiques », « Comme neige au soleil », « les NouvellesConfessions » ou « Brazzaville Plage »-, d'avoir concilié l'universel et l'individuel dans un même élan d'écriture et, finalement, de sentiments. Un très beau livre.
Editions du Seuil, 521 p., 22 euros.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature