LES INDIVIDUS à peau claire connaissent une incidence accrue du risque de cancer cutané. Les capacités de bronzage de ces personnes sont limitées. Ce qui a été mis en relation avec une altération de la réponse par la mélanine aux rayons UV.
On sait que la production de la mélanine suit des voies diverses. «La pigmentation des humains blonds ou à la peau claire est principalement le résultat de variations sur une séquence d’un gène, MC1R, qui code les récepteurs de MSH (Melanocyte Stimulating Hormone)», expliquent les auteurs d’un travail publié dans « Nature ». Ces variants induisent un affaiblisse- ment des réponses à de l’AMPc du ligand de MSH.
Ce qui a été confirmé par des études ayant mis en relation un défaut de bronzage chez les individus ayant un variant de MC1R avec le défaut de l’activité MSH/AMPc.
D’autres travaux ont été en faveur de dommages directs de l’ADN des mélanocytes par les rayons UV.
Un rôle essentiel de la voie de signalisation intracellulaire MSH.
Pour mieux comprendre les voies d’activation de la pigmentation et la part que chaque voie peut y prendre, les biologistes ont entrepris une étude en utilisant des souris défectives pour le récepteur Mc1r (analogue chez la souris du gène MC1R codant le récepteur à MSH chez les humains). Elles ont été comparées à des souris sauvages ayant une voie MSH intacte. Les résultats tendent à indiquer que la voie de signalisation intracellulaire MSH joue un rôle essentiel dans la réponse aux UV par la pigmentation. Ce qui «souligne l’intérêt pour la recherche d’un stratégie clinique à l’aide de topiques dont le principe actif serait de petites molécules qui permettraient, en agissant sur cette voie, de manipuler la pigmentation».
John D’Orazio et coll. ont comparé les réponses aux UV des deux types des souris. Les souris défectives pour l’équivalent du récepteur MSH sont des souris « blondes » ou « rousses », au poil beaucoup plus clair que leurs homologues sauvages.
Une action des rayons UV a entraîné une hyperpigmentation observable à l’oeil nu au niveau des oreilles des souris sauvages. Chez les souris blondes, à l’inverse, aucune modification pigmentaire détectable n’est relevée.
En revanche, dans les deux cas, les mélanocytes ont été recrutés en nombres équivalents. Les oreilles des souris ressemblent à la peau humaine en raison de la présence de mélanocytes externes et de l’absence de pelage, à l’inverse du reste du corps de l’animal.
La racine de Coleus forskolii.
Donc, la lumière ultraviolette induit l’expression de MSH dans les kératinocytes, mais ne stimule pas la pigmentation en l’absence d’un récepteur MC1R fonctionnel chez les souris rousses ou blondes.
Ensuite, les auteurs se sont livrés à un essai à l’aide d’un produit, le forskolin (un extrait de la racine de Plectranthus barbatus, connu aussi sous le nom de Coleus forskolii), qui induit expérimentalement la mélanisation.
Ils obtiennent une réparation de la pigmentation par l’application du forskolin en topique, « un agoniste de l’AMP cyclique », sans l’aide de lumière ultraviolette. «Cela démontre que la machinerie responsable de la pigmentation est disponible en l’absence de MC1R fonctionnel.»
De plus, la pigmentation induite chimiquement s’est révélée protectrice contre les dommages de l’ADN cutané induits par les UV. Et aussi protectrice jusqu’à un certain point contre la tumorogenèse sur un modèle de xeroderma pigmentosum, un terrain propice à une transformation cancéreuse cutanée.
« Nature », vol.443, 21 septembre 2006, pp. 340-344.
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