Dans un décor qui évoque celui de la création tel que l'avait imaginé André Barsacq et que réinvente Pierre-Yves Leprince, Nicolas Briançon imprime au spectacle, sur un rythme vif et clair qui donne à la production une tenue, une rigueur qui n'étouffejamais l'émotion.
La distribution est heureuse que dominent dans le rôle d'Antigone Barbara Schulz et dans celui de Créon, Robert Hossein. L'affrontement du politique et du cur est au centre de la pièce. Si Anouilh s'inspire, il le revendique, de Sophocle, il fait glisser la tragédie du côté de l'humain. Il y a la jeune fille, l'adolescente à peine sortie de l'enfance et le monde des adultes qu'elle refuse de tout son instinct et son intelligence.
Pas de Tirésias, ici, mais Créon est un homme touché par l'intransigeance de la jeune Antigone ; il y a du politique en lui et il s'y soumet, mais il y a aussi la générosité d'un aîné qui admire la force du cur d'Antigone et admet ses raisons.
Autour d'eux, d'ailleurs présentés en une scène liminaire par le chur qui a la noblesse bienveillante de Bernard Dhéran, doux et sourdement résigné - Anouilh a voulu cette exposition particulière -, les personnages sont cernés avec probité. Elsa Mollien, Ismène, double pulpeux de la fragile Antigone, Julie Kapour, nourrice aux beaux accents, Julien Mulot, Hémon vulnérable et tendre encore, mais non dénué de courage, Bruno Henry, messager attachant, Pierre Dourlens, le Premier garde, inquiétant à souhait, sont tous très bien.
C'est un spectacle sans audace inutile. Briançon fait confiance à Anouilh. On entend très bien la pièce. On écoute cette Antigone, merveilleuse de fraîcheur, sincère, combattante telle que la fait vivre Barbara Schulz, comme l'écoute Créon. On l'admire. Et il y a là bien des pensées à méditer. Aujourd'hui. Car, d'une autre manière que ses grands ancêtres de la Grèce antique, Monsieur Jean Anouilh ne se contentait ni d'anecdotes, ni de leçons faciles. Il regardait le ciel et s'interrogeait sur le sens de toute vie. Aujourd'hui plus que jamais peut-être, la petite Antigone nous parle...
Théâtre Marigny-Robert Hossein, à 20 h 30 du mardi au samedi, à 16 h le dimanche (01.46.99.19.75). Durée : 1 h 45 sans entracte. Excellent programme avec des inédits d'Anouilh dont sa propre analyse des différences de sa pièce avec celle de Sophocle. Très intéressant.
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