C'est bien sûr une bonne chose que le gouvernement d'Ariel Sharon, qui contient des éléments extrémistes, ait accepté la feuille de route, même s'il accompagne son accord d'un certain nombre de réserves qui ne sont nullement négligeables.
Le même gouvernement aurait pu en effet exploser sous la pression. M. Sharon a donc réussi à dire oui tout en conservant la stabilité politique d'Israël. L'espoir de paix, qui était à peu nul il y a seulement quelques jours, réapparaît ; mais il est si fragile qu'on préfère ne pas tirer de plan sur la comète.
Ce qu'il traduit d'abord, c'est l'énorme influence des Etats-Unis. Sur ce point au moins, George W. Bush n'aura déçu personne ; d'abord, il a entériné une démarche multilatérale qui inclut l'ONU, la France et la Russie ; ensuite, il avait promis de s'engager en faveur de la paix après la bataille d'Irak, il a tenu sa promesse ; enfin, il est le seul à pouvoir influencer M. Sharon, qui lui doit tout. Ni la France, ni l'ONU, ni la Russie n'auraient convaincu le Premier ministre israélien.
La démarche du « quartette » aura été longue, mais en définitive efficace. Elle demeure menacée par une recrudescence, toujours possible (et même probable), des attentats-suicides. Tout préoccupé qu'il est de conserver sa majorité à la Knesset, M. Sharon subit plus la pression américaine qu'il n'invente une politique. Les rares commentateurs qui voient en lui une sorte de De Gaulle capable de décoloniser le moment venu vont un peu vite en besogne : sans les Américains, M. Sharon se serait contenté du statu quo.
On souhaiterait donc que le chef du gouvernement israélien prenne une initiative personnelle qui ne ferait courir aucun risque supplémentaire à la sécurité des Israéliens (dont une majorité, selon un sondage paru lundi, se prononce en faveur de la feuille de route) : qu'il dise solennellement aux Palestiniens qu'il leur offrira ce que leur offrait Ehud Barak s'ils renoncent à la violence. Certes, il serait mis en minorité, mais s'il a l'audace de changer de politique, les travaillistes le soutiendront et il pourra reconstituer une majorité à l'abri de l'influence des extrémistes. Comme tous les vieux leaders, il cherche moins à gouverner au jour le jour qu'à laisser une trace dans l'histoire. L'occasion qui se présente à lui, aux Israéliens et aux Palestiniens, est unique ; et c'est peut-être la dernière. Ce serait dommage qu'il gâche cette chance. La paix contre les territoires : il n'y a jamais eu de meilleure solution et il n'y en aura pas d'autre.
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