L'ÉTUDE est le fruit du travail d'une équipe de cliniciens chercheurs (Paris, Tours, Lyon, Lille) coordonnée par le Pr Denis Duboc (hôpital Cochin, Paris) et le Dr Henri-Marc Bécane, Institut de myologie, AFM). Il s'agit du suivi sur dix ans d'enfants atteints de myopathie de Duchenne traités par périndopril. Ces travaux, soutenus par l'AFM, grâce notamment aux dons du Téléthon, sont publiés dans l'« American Heart Journal » après avoir fait l'objet d'une présentation l'an dernier au congrès de l'American College of Cardiology.
Il faut se rappeler que, dans la myopathie de Duchenne, le muscle cardiaque est inévitablement atteint et qu'il est responsable du décès dans environ la moitié des cas. Des données préliminaires ont suggéré une efficacité des inhibiteurs de l'enzyme de conversion sur la fonction ventriculaire gauche. L'objectif du nouveau travail français était d'évaluer l'efficacité d'un traitement préventif du périndopril sur la mortalité chez des enfants atteints de myopathie de Duchenne.
Conduite dans dix centres cliniques de France, l'étude, prospective, a porté sur 57 enfants âgés de 9 ans et demi à 13 ans, ayant une fraction d'éjection du ventricule gauche (VG) normale à l'entrée dans l'étude. Elle a duré dix ans, dont trois en double aveugle contre placebo. Pendant les trois premières années, de façon randomisée en double aveugle, un groupe de 28 enfants a reçu du périndopril (de 2 à 4 mg/j), tandis que l'autre recevait un placebo ; puis l'essai a été poursuivi en ouvert avec le périndopril.
En 2005, les premiers résultats du suivi à cinq ans de l'étude clinique avaient montré le rôle préventif du périndopril dans l'apparition de l'insuffisance cardiaque. Les résultats du suivi à dix ans sont maintenant connus ; on dispose de données concernant la survie pour tous les sujets de l'étude : 26 (92,9 %) des 28 patients du groupe périndopril sont encore en vie à dix ans contre 19 (65,5 %) des 29 du groupe placebo (p = 0,02). Conclusion des chercheurs : «L'instauration précoce d'un traitement par périndopril est associé à une réduction de la mortalité chez les patients ayant une maladie de Duchenne avec une fraction d'éjection du VG normale à l'entrée dans l'étude.»
Diaphragme et muscles intercostaux.
Dans un communiqué, les auteurs signalent que, au-delà de son rôle protecteur sur le muscle cardiaque, le périndopril semble également avoir un effet sur le diaphragme et les muscles intercostaux ; cette protection est d'autant plus efficace que le traitement a été commencé tôt. Par ailleurs, poursuit le communiqué, selon une étude très récente faite sur un modèle animal, le blocage de l'angiotensine II, cible pharmacologique du périndopril, aurait une action antifibrosante sur le muscle en plus de son effet sur l'hémodynamique cardiaque. «Cette donnée confirme l'intérêt de la mise en place prochaine d'un essai thérapeutique avec le périndopril, soutenu par l'AFM et les Laboratoires Servier, chez des enfants beaucoup plus jeunes, avant même que la fibrose ne soit installée.»
Enfin, souligne le communiqué, «les résultats publiés aujourd'hui appuient la recommandation sur l'utilisation du périndopril en préventif à partir de l'âge de 10ans, faite par l'AFM et le PrDenis Duboc, auprès des consultations spécialisées».
Denis Duboc, Christophe Meune, Bertrand Pierre, Karim Wahbi, Bruno Eymard, Annick Toutain, Carole Berard, Guy Vaskmann, Simon Weber, Henri-Marc Bécane. « American Heart Journal » online.
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