EN 2006, des chercheurs du Harvard Stem Cell Institute (au Children's Hospital de Boston et au Massachusetts General Hospital) découvraient deux familles de cellules souches cardiaques (ou progéniteurs cardiaques) capables de se différencier dans les trois lignées cellulaires majeures du coeur : les myocytes cardiaques, les cellules musculaires lisses et les cellules endothéliales. L'une de ces familles, marquée par l'expression du gène Nkx2-5, donnait naissance aux cellules de la partie gauche du coeur, tandis que l'autre famille, marquée par l'expression du gène Isl1, engendrait les cellules de la partie droite du coeur.
Zhou et coll. ont identifié maintenant un troisième type de progéniteur cardiaque, localisé dans l'épicarde et identifiable par l'expression d'un gène appelé Wt1, codant pour un facteur de transcription.
Durant le développement normal du coeur de la souris, les chercheurs ont été surpris de découvrir que ces progéniteurs épicardiaques Wt1+ se différenciaient non seulement en cellules musculaires lisses et cellules endothéliales, mais aussi en cardiomyocytes et fibroblastes.
Ils ont ensuite découvert que les cellules proépicardiques Wt1 proviennent de progéniteurs exprimant Nkx2-5 et Isl1, ce qui laisse penser que ces cellules partagent la même cellule mère avec les progéniteurs multipotents Nkx2-5+ et Isl1+.
«Nous pensons que, au tout début du développement, notre progéniteur en question exprime Nkx2-5 et Isl1; mais il perd rapidement l'expression de ces gènes et commence à exprimer Wt1», explique dans un communiqué le Dr William Pu, cardiologue au Children's Hospital de Boston et principal investigateur de ce travail.
«Au sommet de la lignée, il y a les cellules exprimant Nkx2-5 et Isl1; puis une branche exprimant Wt1 se sépare assez tôt, avant la formation du coeur chez l'embryon.»
La formation de tissu cicatriciel après lésion myocardique.
Ces chercheurs veulent savoir maintenant si l'épicarde d'une souris adulte peut être amené à produire des cardiomyocytes.
Le fait que ces progéniteurs exprimant Wt1 peuvent également se différencier en fibroblastes dans le coeur en voie de développement suggère que ces progéniteurs pourraient contribuer à la formation de tissu cicatriciel dans le coeur adulte après une lésion myocardique.
«Si nous pouvons détourner ces progéniteurs de la voie vers la formation du tissu cicatriciel, et les amener plutôt vers la formation des cardiomyocytes, ce serait extrêmement intéressant», remarque le Dr Pu.
«Il y a grand intérêt à découvrir de nouvelles sources pour obtenir des cardiomyocytes, car ces cellules sont perdues dans l'insuffisance cardiaque», ajoute-t-il.
En d'autres termes, Pu et Zhou aimeraient découvrir les facteurs contrôlant le destin d'un progéniteur, pour qu'il devienne soit un fibroblaste, soit une cellule musculaire lisse, soit encore un cardiomyocyte. «Nous ignorons encore comment nous pouvons manipuler ces progéniteurs.»
«Cette découverte jette les fondations pour les futurs efforts visant à exploiter le potentiel cardiogénique de ces progéniteurs pour la régénérescence et la réparation cardiaque», concluent les chercheurs.
Zhou et coll., « Nature », 22 juin 2008, DOI : 10.1038/nature07060.
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