LA MALADIE de Charcot-Marie-Tooth touche environ 30 000 personnes en France. Il s'agit d'une maladie héréditaire, neuromusculaire, évolutive, qui n'entame pas l'espérance de vie. Elle atteint les nerfs périphériques provoquant souvent une amyotrophie des mollets, des avant-bras et des mains.
Le diagnostic est fait à l'aide de l'électromyogramme, d'une analyse génétique avec diminution des vitesses de conduction motrice (souvent moins de 30 m/sec sur le nerf médian), de la dégénérescence axonale avec des vitesses de conduction motrice sensiblement normales. Il existe plusieurs formes de CMT qui se différencient par leur mode de transmission, leur localisation génétique, la partie du nerf affectée.
Les CMT de type 1 (type démyélisant) présentent une vitesse de conduction nerveuse ralentie car la gaine de myéline qui entoure le nerf ne fonctionne pas correctement. Dans les CMT de type 2 (type axonal), les vitesses de conduction nerveuse sont normales car le problème réside dans l'axone et non dans la gaine de myéline. Les CMT liées à l'X ont une myéline anormale et des vitesses de conduction légèrement ralenties. De plus, la CMTX ne se transmet pas de la même manière que les CMT1 ou CMT2.
Chacun de ces types est ensuite subdivisé en sous-types (1A, 1B..., 2A, 2B...) en fonction de la cause génétique. Le degré de handicap peut aller d'une simple gêne à la marche jusqu'à l'usage d'un fauteuil roulant. Les déformations et l'atrophie musculaire des pieds et des mains sont variables.
En revanche, la fatigabilité, l'équilibre instable, la station debout pénible, la montée d'escalier difficile, l'habileté manuelle diminuée sont constants.
Il n'existe, à l'heure actuelle, aucun traitement médicamenteux mais plusieurs équipes travaillent sur des perspectives thérapeutiques, notamment sur l'effet bénéfique de l'acide ascorbique dans le traitement de la CMT1A, forme la plus répandue de la maladie.
Lyon, Marseille, Paris.
Des travaux expérimentaux du Pr Fontès de l'INSERM à Marseille ont démontré en 2004, sur des souris transgéniques, des résultats prometteurs qui ont permis de mettre en place un essai clinique dont l'investigateur est le Dr Joëlle Micallef (hôpital de la Timone à Marseille). Cet essai de phase II, randomisé, en double aveugle, multicentrique (Lyon, Marseille, Paris) inclut 180 patients, âgés de 18 à 70 ans, atteints de CMT1A (duplication sur le chromosome 17) dont le type a été déterminé par diagnostic moléculaire et présentant des symptômes moteurs. Tous les patients reçoivent trois gélules le matin et sont répartis en trois groupes : patients sous acide ascorbique, patients sous placebo et patients recevant placebo et acide ascorbique.
Évaluation à trois, six et douze mois.
La durée de l'étude porte sur un an avec une évaluation des effets à trois, six et douze mois. Les évaluations portent sur le QMT (testing musculaire quantifié) à droite et à gauche, au niveau de deux groupes musculaires jambier antérieur et « hand grip », sur le temps de marche sur dix mètres, sur une échelle fonctionnelle, sur l'impression globale et l'autoévaluation par le patient par échelle d'autoévaluation et échelle de qualité de vie (SF-36).
À ce jour, 71 % (108 patients) des patients ont eu leur visite à 12 mois. Les 50 derniers patients doivent terminer leur suivi afin d'envisager les résultats définitifs prévus pour le printemps 2009.
Cet essai clinique va donc permettre d'obtenir une plausibilité médicale pour l'acide ascorbique. Il a d'ores et déjà obtenu une assistance scientifique en terme de développement du produit afin de maximiser les chances d'obtention d'une AMM.
Intervention du Dr Joëlle Micaleff, centre de pharmacologie clinique et d'évaluations thérapeutiques, antenne CIC Timone, CHU de la Timone, Marseille lors du congrès national de l'association CMT France, www.cmt-France.net, tél. 0.820.077.540.
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