LA CREATION de l'Espace rencontres Info Cardio (inspiré du modèle créé en oncologie à l'Institut Gustave-Roussy) s'appuie sur la constatation d'une épidémiologie dramatique : les maladies cardio-vasculaires représentent la première cause de mortalité en France, chaque année, 34 % des décès (20 000 morts en Ile-de-France) leur sont imputables. D'où l'urgente nécessité de diffuser les messages de prévention. Elle part également du constat d'une relative impuissance des médecins face aux exigences croissantes de leurs patients. « On nous demande de travailler trop vite, le temps consacré à leur information se réduit », reconnaît le Pr Hervé Lardoux, président de la FFC Paris - Ile-de-France. Une difficulté qu'analyse sans détours le Pr Claude Guérot, référent de l'Eri Cardio : « Toute atteinte à la santé a des répercussions psychiques autant que physiques, et l'annonce de la maladie - aiguë ou chronique - est une démarche essentielle pour permettre au malade de réfléchir sur lui-même et, après de nombreuses interrogations, d'accepter son état. Or cette information est souvent insuffisante. »
Plusieurs raisons expliquent cela. En premier lieu, le manque de temps, surtout en milieu hospitalier, « qui permet difficilement l'indispensable face-à-face médecin-malade », précise le Pr Guérot. La qualité de l'information pose également problème, elle est souvent trop technique, trop statistique ou administrative, se limitant à la distribution de documents sur l'acte médical programmé et, plus délicat encore, à la remise de l'attestation de consentement éclairé... Quant au commentaire du diagnostic, le médecin lui-même balance entre un discours rassurant, confortant un espoir de guérison rapide ou, au contraire, sec, brutal.
L'Eri palliera-t-il ces carences ? En partie seulement, car aucune structure ne pourra se substituer à ce colloque singulier entre le médecin traitant et son malade. D'ailleurs, Anne Gourdon, l'animatrice du lieu, fut accompagnatrice de fin de vie et n'appartient pas au monde médical. Mais il s'agit de guider le malade et ses proches en les orientant vers le médecin référent, en débroussaillant leurs démarches administratives, en les informant de l'existence de telle ou telle association.
Des questions simples sans réponses.
Une première analyse des thèmes évoqués par les personnes concernées montre à quel point des questions simples qui les préoccupent restent sans réponses satisfaisantes. Elles veulent savoir ce que sont réellement une crise cardiaque, un infarctus ou un souffle au cœur. Elles souhaiteraient mieux connaître les risques cardio-vasculaires, comment on réduit son cholestérol, comment on soigne l'hypertension. En ce qui concerne la prévention, elles s'interrogent sur les bénéfices de certaines huiles, du vin, du sport, de l'activité sexuelle. Après la maladie, ce sont les problèmes de réinsertion socioprofessionnelle qui se posent avec acuité : l'obtention d'une carte d'invalidité, d'un mi-temps thérapeutique, les relations avec la banque et les assurances...
L'Eri se trouve dans le hall de l'hôpital, donc, très accessible au public. « Il s'inscrit dans la politique de l'établissement, ouverte aux droits des usagers, explique Monique Ricomes, directrice de l'Hegp ; dans notre Maison des associations, trente-deux associations différentes tiennent des conférences. »
Les débats de l'Eri commenceront en septembre 2005, après un premier bilan de fonctionnement.
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